La guerre - février mars 1458

Toulon le 14 février 1458

Farwen n'a pas dormi, ne s'est pas couchée. Toute la journée de la veille elle s'était préparée à cette éventualité et avait préparé la mairie. Toute la nuit ils se sont battus.
La lutte a été âpre, et les toulonnais ont perdu.
Elle a perdu.
Sang et terre maquillent son visage, fatigue et chagrin aussi.
Elle a perdu.
Au petit matin, quand tout a été terminé, devant l'amas de débris qu'est devenue la mairie, devant les armées ennemies qui ne leur ont laissé aucun échappatoire, aucune chance, elle a laissé couler ses larmes.
Fierté vaincue.
Elle a perdu.
Alors elle s'est dirigée, un peu chancelante, comme ivre, vers l'ultime sanctuaire, vers l'église. Elle a besoin du Ristote de Galaad et d'espoir. Elle a besoin de calme et de réconfort. Elle a besoin... Mais elle ne le peut pas. Alex l'attend, la mamé et Sauvé aussi. Alors elle se contente d'une prière fervente mais désordonnée, décousue, sans commencement ni aboutissement, sans autre but que de confier sa ville et ses habitants à ce Ristote qui a laisssé faire et qu'elle ne comprend pas.
Elle a perdu.
Alors elle ressort, et laisse ses pas la ramener vers la maison, vers sa maison.
Elle a perdu.

Elle n'est pas devenue locace avec le temps, la mamé, mais elle n'est pas stupide non plus.
Elle espérait que la guerre n'atteindrait pas cette ville, ni cette maison, mais le corbeau l'a prévenue de l'arrivée de dizaines d'étrangers en armes, et elle sait qu'ils ne vienent pas pour admirer la vue sur la rade depuis le caillou!

Alors elle s'est dépêchée de faire le plein d'herbes, accompagnée par Sauvé qui l'a bien aidée à cueillir ce qu'elle ne peut plus atteindre, de racines, de fleurs, de baies... bref, la table de l cuisine de la dame en est pleine et elle trie le tout consciencieusement, sous le regard curieux de Sauvé.
Alex dort, et ça fait des jours que la dame ne dit presque plus un mot.
Ceci dit, ça lui convient bien, à la mamé.

Mais quand la dame n'est pas rentrée, elle a commencé à se poser des questions. Et la nuit ses amis à plumes ne lui sont d'aucune aide! Alors elle a attendu, la mamé, attendu que la dame rentre, espéré aussi.

Elle a attendu toute la nuit.
Quand au petit matin elle a vu la porte s'ouvrir, et que la dame est entrée, elle a poussé comme un soupir, léger mais certain, de soulagement.
Et puis elle a vu la dame.
La cape était intacte et propre, mais en dessous... les braies et la chemise déchirées, du sang, de la sueur, de la terre partout, des bottes aux cheveux...
Il y a eu bataille.
La dame ne semble pas blessée, du moins rien de bien grave, mais elle a le regard hagard des nouveaux combattants.

Elle le sait, la mamé, que la dame est maire et mère, mais pas guerrière le moins du monde....
Alors elle se lève, la débarasse de la cape - mais comment a-t-elle fait pour qu'elle soit intacte? - de l'épée - mais c'est du sang! - et du bouclier.
Elle lui met entre les mains un bol de tisane, comme un ordre, que la dame se met à boire mécaniquement.
Elle n'a pas encore réussi à croiser son regard, mais elle sait ce qu'elle y lirait, alors elle n'essaye pas vraiment.

Pendant que la dame boit, la mamé l'inspecte des yeux. Quelques égratignures, beaucoup de poussière, un peu de sang, et ça ce sont des cendres?

Quelques mots tombent de la bouche de la dame

La mairie est tombée

un silence et puis elle rajoute

j'ai perdu

Toulon le 16 février 1458

Farwen s'est secouée.
Bien sûr elle a tenté une révolte, pour voir.
Une simple question d'amour-propre...
Bien sûr ils ont échoué.
Mais ils s'en remettront, et d'ailleurs envisagent de remettre ça!

En attendant elle a relevé la tête, regard fier et sourire aux lèvres pour ses amis, froide politesse avec les envahisseurs.

Elle a nettoyé l'épée, mais ne la quitte plus. un jour, c'est sûr, elle apprendra à sen servir correctement!
Elle a rangé sa belle houppelande mais gardé la cape, décidément splendide.

Elle regarde la mamé qui trottine dans la maison, Sauvé sur les talons et Alex dans les bras : un peu d'herbes, un peu de cuisine, des oiseaux tous les jours, du feu dans la cheminée et en permanence soupe et tisane qui l'attendent, Farwen sourit de contentement. Les plaisirs simples sont les plus fréquents, il ne faut pas passer à côté...

Toulon le 18 février 1458

Farwen se hâte dans les ruelles toulonnaises, après une journée au moulin : elle est contente, les toulonnais auront du pain, son amie Spada travaille le sujet! bon, les français aussi mais c'est un moindre mal.
Capuche remontée, tant pour se protéger du mistral glacial que des regards étrangers, elle passe devant la taverne municipale quand un feuillet accroché à la porte se trouve arraché par ledit mistral et vient se plaquer contre sa cuisse. Elle le saisit vivement et le lit en tentant de se protéger du froid :

Patsy a écrit:: Toulonnaise, Toulonnais,

Vous avez essayé par deux fois de vous révoltez, c'est tout à vostre honneur, mais l'entreprise sera bien dur à réaliser.
Travaillez plutôt dans vos champs ou vos échoppes afin d'aider vos concitoyens.
Et puis vous avez bien vu que le Conseil Comtal ne vous aide guère et se fiche bien de vostre devenir, après avoir vider vostre marché et les stocks municipaux.
Victuailles qui en ce moment garnissent les tables de la Marquise.

J'aimerais, à ce propos, rencontrer un délégation de la ville mené par l'ancienne bougmestre, Farwen, afin que nous discutions de l'avenir de la ville. Cette rencontre pourrait avoir lieu dans la mairie ou sur la place public .
N'ayez point peur, vostre intégrité physique sera respecté. Nous ne sommes pas les hommes dépeint par la propagande maquisale.

Bien à vous

pierre de Courtalain dict "Patsy"

Elle fourre le parchemin sous sa cape et se hâte vers sa maison, les dents serrées et le creveau en ébullition.
Elle enrage des mensonges, elle crève d'envie de lui hurler que le marquisat n'a jamais vidé aucun marché, et surtout.... surtout il lui demande une rencontre.
Oui, la réponse sera nécessaireent oui. Encore faut-il choisir un endroit qui lui convienne à elle aussi. et lui répondre.
Elle allonge le pas, la buse de la mamé va avoir un parchemin à transmettre...

Elle a attendu que la nuit lui apporte calme et conseil, aidée par une tisane de la mamé, et puis a décidé que l'église serait le meilleur endroit. Deminerve ne devrait pas s'en offusquer.
Alors elle s'est installée dans la cuisine, auprès d'Alex, pendant que la mamé et Sauvé sont partis sur le caillou ramasser des herbes, encore des herbes... d'ailleurs où qu'elle porte son regard elle tombe sur des plantes : des racines, des feuilles, des baies... secs, en décoction, en pommade, en infusion... du coup la pièce est odorante à souhait!
Elle surveille son petit bout du coin de l'oeil, installé par terre à sa place habituelle, pas trop loin du feu ni trop près, et aujourd'hui c'est encore du thym qu'il machouille. Et compte tenu des gazouillis et grognements ravis qu'il émet, ça a l'air de lui convenir.

Elle prend donc un parchemin, se souvientun peu tard que le sceau de la mairie est resté entre les mains de Deminerve, quand il a préparé la déclaration de non reconnaissance du CM au CC loyaliste... tant pis.

Citation :: Messire Patsy,

J'ai entendu votre appel à la discussion et j'y réponds favorablement.
Je vous propose l'église de Toulon pour cette rencontre, armes déposées à l'entrée sous surveillance des deux parties.

Florence dou paradou, dite Farwen.
Maire de Toulon par les urnes, non pas par les armes.

Un sourire, elle aime beaucoup sa dernière pique. Elle n'a pas pu s'en empêcher.
Bien sûr elle se demande ce qui pourrait ressortir d'une telle entrevue, mais elle ne peut pas continuer à écouter ces allégations mensongères sans réagir!
Voilà, dès le retour de la mamé, elle lui demandera de faire porter ce court message par sa buse.

Toulon le 27 février 1458

Farwen se prépare.
Une grande bataille est annoncée pour ce soir.
Elle en sera.
Pour Toulon et la Provence.

Elle a horriblement peur, mais n'a pas le droit de le montrer.
Les siens comptent sur elle, elle est restée leur maire.
La Provence n'aura pas à rougir de Toulon et des toulonnais.
Ce soir...

Toulonnais débarqué Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 08/12/2009

On lui avait dit que c'était ici la maison de Farwen. Farwen elle l'aimait bien, et pis quand on lui avait dit que ce soir il y aurait la guerre, elle avait par tout les moyens tenté d'en savoir plus, mais en vain. Tout le monde la disait, trop petite. Ce qui la mettait assez en colère.
N'ayant pas trouvé Spadachocolat, elle avait décidé de se rendre vers l'une de ses autre mamans.
C'est pour cela, qu'en ce jour du 27 Février, une petite main vint frapper à la porte de cette grande dame.
Elle n'attendit même pas une réponse et commenca à crier de toutes ses forces.

- Farwen ! Z'dois te parler à toi ! C'est crèès important.

Farwen est en train de se préparer. Braies et chemise, cape pour ne pas avoir froid et pour se dissimuler un peu... épée et bouclier, bien sûr.
La mamé la regarde faire sans un mot, une main sur l'épaule de Sauvé, Alex dans l'autre bras. Elle a déjà demandé à la buse de surveiller la dame, la Fafa de la brunette. De nuit, la mésange ne verrait rien....
Elle lui tend une tisane où la menthe prédomine, pour rester éveillée et en alerte autant que faire se peut. Et elle sera là à son retour pour panser plaies éventuelles et moral en berne.
La guerre n'apporte que blessures et désespoir.

Alors que Farwen essaye de faire quelque chose de ses cheveux d'ébène, des coups à la porte l'arrêtent. Et une petite voix se fait entendre.

Farwen ! Z'dois te parler à toi ! C'est crèès important.

La mamé ne peut aller ouvrir, c'est la dame qui s'y colle, les cheveux à moitié dénoués et la chemise pas tout à fait fermée...

Toulonnais débarqué Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 08/12/2009

Farwen, elle ouvrit la porte tout de suite. Elle était pas très bien coiffée, ce qui fit sourire Gisla. La poussant légèrement, elle rentra dans sa maison. A l'intérieur, une vieille dame portait un enfant. Elle ne lui jeta même pas un regard et se tourna vers Farwen.

- Farwen ! On a dit à moi que la guerre allait se faire.

Elle la regarda et continua.

- Et pis moi ze veux la faire, même si je suis petite, j'ai des grooos muscles.

La petite fille reprit une fois de plus, sans laisser la possibilité à Farwen de placer un mot.

- Même si Galaad il sera pas là pour me protéger !

Elle leva la tête légèrement, espérant une réponse affirmative de la grande dame.

Oh bon sang, mais que font donc les dames de leurs cheveux quand elles partent à la guerre? Farwen tente désespérément d'attacher tout ça de manière à ne pas être génée, mais surtout à ce que ça ne se détache pas. peine perdue.
Elle a tressé et noué la moitié droite de ses cheveux, pas encore attaché sa chemise ni enfilé ses bottes quand des coups se font entendre à la porte.

elle dissimule à grand peine un mouvement d'humeur. bon sang, ne peut-elle donc pas s'habiller tranquille? comme si elle n'avait pas assez peur comme ça!

elle se tourne vers la mamé, la constate les bras pleins et décide de ne pas répondre quand elle entend une petite voix bien connue crier

Farwen ! Z'dois te parler à toi ! C'est crèès important.

Gisla? mais que...

elle se dirige donc vers la porte, tant pis si elle ne ressemble à rien, au moins ça fera rire la gamine.
mais que fait elle donc ici à cette heure? et où diable est Spada?

Elle ouvre la porte et se trouve donc nez à nez avec une princesse visiblement pas contente du tout, bouche ouverte comme prête à hurler à nouveau

non non, ne crie pas! voilà je suis là.
entre donc te mettre au chaud et me dire...

Elle la fait entrer, lui présente le restant de la maisonnée.

Gisla je te présente Alex, dans les bras de la mamé, et Sauvé que Max -empereurmaximilieni- a recuilli et que je garde le temps que la guerre se passe...

Elle lui met dans les mains une tasse de tisane chaude - ben oui, à force de fréquenter la mamé, elle a pris une partie de ses habitudes.

Alors dis moi princesse, qu'est-ce qui t'amène à crier comme ça devant ma porte?

HRP : désolée, on s'est croisées Very Happy

ne bouge pas, je réponds!

Gisla a écrit:: Farwen, elle ouvrit la porte tout de suite. Elle était pas très bien coiffée, ce qui fit sourire Gisla. La poussant légèrement, elle rentra dans sa maison. A l'intérieur, une vieille dame portait un enfant. Elle ne lui jeta même pas un regard et se tourna vers Farwen.

- Farwen ! On a dit à moi que la guerre allait se faire.

Elle la regarda et continua.

- Et pis moi ze veux la faire, même si je suis petite, j'ai des grooos muscles.

La petite fille reprit une fois de plus, sans laisser la possibilité à Farwen de placer un mot.

- Même si Galaad il sera pas là pour me protéger !

Elle leva la tête légèrement, espérant une réponse affirmative de la grande dame.

Farwen écoute la princesse, petite et fière, mais qu'elle ne peut pas imaginer 2 secondes sur un champ de bataille.
Ceci dit l'expérience-Galaad a servi à tout le monde, on ne peut emêcher personne de partir si l'envie lui prend.
Et au moins...

Farwen réflechit et a oublié la mêche de cheveux pendante d'un coté de sa tête. tout comme sa chemise ouverte et ses pieds nus.

Elle se décide et plante son regard dans celui de la pitchoune.

Bon, je dois d'abord te dire que non, je ne veux pas que tu y ailles, je veux que tu restes ici avec Sauvé, Alex et la mamé.
Non non, ne dis rien et laisse moi parler.
Il est clair que dès que j'aurais le dos tournée et que la mamé s'occupera d'Alex, tu en profiteras pour partir, comme Galaad l'a fait - d'ailleurs il ne perd rien pour attendre celui là - alors autant que tu partes avec nous. Au moins on saura où tu es.
Evidemment tu es costaud comme.... comme une princesse de 4 ans, mais tu peux nous être utile. Si besoin tu pourrais venir prévenir la mamé qu'on a besoin d'elle pour soigner les blessés, ou bien porter des messages.
Qu'en penses tu?

Toulonnais débarqué Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 08/12/2009

Mmmh, il était drôlement bon le thé de Farwen. C'est pour cela que Gisla écouta tranquillement Farwen, la bouche à moitié ouverte. Et pis, c'était une super proposition qu'elle venait de lui faire. Elle ferait un peu comme Galaad après.
Sautillant presque, elle posa sa tasse sur la table et sauta dans les bras de Farwen.

- Merciiiiii

Gisla regarda Farwen de haut en bas.

- Tu devrait peut-être t'habiller et pis te coiffer ! Et pis moi aussi ! Ze peux faire la même coiffure que toi ?

Et voila, que cette petite tête blonde de quatre ans s'apprêtait à faire une chose qui la terrifiait au plus au point. Mais au fond d'elle, elle savait que si elle faisait cela, c'était pour faire peur à Galaad et qu'il revienne. Ben oui, si on lui disait que Gisla faisait la guerre, que Gisla était blessée, peut-être qu'enfin, il reviendra.

Farwen récupère donc une princesse souriante dans les bras, puis rougissant sous la remarque elle la dépose et s'empresse de finir de s'habiller.
Elle ferme sa chemise, cherche ses bottes, les récupère sous la table où Sauvé les avait "rangées" et les enfile prestement, puis se décide à tresser et nouer la 2nde partie de sa chevelure un brin plus emmêlée que tout à l'heure.
Voilà. Ca tiendra... ce que ça tiendra.

Allez zou, à toi.

Elle trouve un gilet épais de quand elle était petite, dans un coffre qu'elle n'a pas ouvert depuis... et le donne à la gamine.

Tiens, enfile ça, tu auras moins froid. Et puis cette cape aussi.
Quant à tes cheveux...

Des cheveux d'enfant, fins et doux, blonds comme les blés... comment diable coiffer tout ça? Oh, une idée...
Elle fait des petites tresses fines à la princesse, plein de tresses, et puis elle rassemble toutes ces tresses en un chignon qu'elle cache sour la capuche de la cape.

et voilà! tu es prête? on y va?

Farwen va embrasser son Alex, le serrant fort en essayant de ne pas le réveiller. Loupé, il se met à grogner. Alors elle le repose et espère qu'il se rendormira vite.
Elle embrasse Sauvé, croise le regard de la mamé qui lui montre sa dent en une sorte de sourire bien à elle. Elle lui sourit en retour, essayant de masquer la peur qui lui tenaille le ventre.
Elle prend son épée, son bouclier, cache le tout sous sa cape, et tend la main à la princesse blonde emmitouflée dans le gilet et la cape.

Viens ma princesse, on y va.

Toulonnais débarqué Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 08/12/2009

Farwen, et ben elle ferma sa chemise, alla chercher ses bottes pis elle commença à faire une grande tresse à ses cheveux. Z'était drôlement joli, et je priais pour qu'elle me fasse la même chose.
Quand elle a fini, elle est allé chercher une gilet pour moi et pis aussi une cape, comme elle. Je lui ressemblait beaucoup maintenant, c'était chouette. Et pis, elle a commencé à me faire tout plein de tresse et après un chignon. J'étais encore plus jolie. Franchement, ça valait vraiment la peine de faire la guerre.
A cette pensée, un frisson la parcouru. La guerre. Cette chose qui lui avait enlevé son Galaad, celui dont elle était la numéro cinq.

Souriant légèrement à la question de Farwen, elle lui répondit joyeusement.

- Ze suis très prête, et pis toi aussi !

Farwen, elle fit plein de bisou au deux garçons. Elle prit tout pleins de choses qui faisait du bruit et les mit sous sa cape. Après, elle prit la main de Gisla. Gisla la regarda, posa une de ses mains sur son épée de bois et prit la main de Farwen avec l'autre. Elle était fin prêt

- On y vaaaaa !

Toulon, le 28 février 1458

La bataille de la veille, elle est comme passée au travers.
Pas de coups, pas une égratignure, à peine quelques bleus.
Aristote l'a protégée, semble-t-il!
Aujourd'hui c'est Dimanche et Farwen croit dur comme fer à la trève dominicale, à sa nécessité pour les coeurs vacillants, les corps meurtris et les âmes perdues.
Alors elle suit Rocaberti sans crainte.
Ce soir, ce soir l'armée se repose.
Et demain.... demain elle verra bien!

Toulon, le 2 mars 1458, au petit matin, sur le champ de bataille

Farwen reste là, hébétée.
La nuit promettait d'être calme, elle avait intégré l'armée de Rocabrti depuis 2 jours et jsuque là rien de notable ne s'était passé.
Mais dans la nuit des voyageurs avaient tenté de franchir les lignes de l'armée catalane... dans le noir personne n'avait remarqué, compris... ils ont cru que c'était des français, et les ont laissés pour morts sur le champ de bataille. Un mot bien pompeux pour une escarmouche dont nul ne saurait être fier. Ces voyageurs n'étaient pas français, mais provencaux - provencaux!
Elle sent dans sa bouche un goût de bile, encore, réminiscence des convulsions de son estomac quelques minutes plus tôt, quand elle a compris.

Elle recule. S'enfuit.

Bien sûr, elle prétendra aller travailler pour nourrir les toulonnais et l'armée de Rocaberti. Elle prétendra préférer ne pas perdre des jours de moulin et se dira prête à rejoindre l'armée dès que nécessaire.

Mais la vérité est toute autre.
La vérité c'est que Farwen n'est pas une guerrière.
La vue du sang la révulse, blesser quelqu'un lui semble tant inutile qu'effrayant, quant à tuer... au nom d'Aristote mais pourquoi??

Elle sent la pluie sur son visage. Aristote ferait-il pleurer le ciel pour absoudre les provencaux de leur folie guerrière?
Non, il n'y a qu'elle qui pleure.

Alors elle se cache sous sa cape, laisse pleuvoir les larmes de la bourgmestre de Toulon, la mère de tous les toulonnais, dans l'espoir qu'Aristote au moins comprenne le geste qu'elle s'apprête à faire. le geste de la honte. Elle fuit. Elle quitte l'armée, laissant ses amis et compagnons sans guide mais en compagnie de Rocaberti, allié d'Hersende.

Et elle se dirige, les yeux embués, vers son moulin.
Elle y passera tousles jours nécessaires à la fin de cette stupide guerre.
Elle y laissera la paume de ses mains pour expier cette faute, cet abandon, cette lâcheté.

Toulon le 6 mars 1458, dans le bois derrière la mairie

Comme promis Farwen mouline, mouline depuis des jours, mouline pour oublier et faire oublier sa lâcheté. Elle a d'abord évité les toulonnais, ses compatriotes et frères d'armes, évité leur regard surtout. Et puis elle a compris que nul ne lui en voulait, alors elle a redressé la tête, et a continué à mouliner. Il y a don du blé plein le marché, la farine qu'elle y vend, mais pas de pain. C'est un mystère qu'il lui faudra élucider, où donc est le pain??

Et puis aujourd'hui Farwen a décidé que les groupuscules de résistance ne suffisent plus. Les français ont l'air bien installés, et ne bougent pas de la ville. Ils ne peuvent pas continuer ainsi, certains à Aix, d'autres dans l'armée catalane, d'autres encore qui tentent des révoltes mal organisées, et tous qui attendent des consignes et des informations...

Alors elle est passée derrière la mairie, dans ce bosquet qui conduit au pied du caillou et de sa roche calcaire. Et elle a marché longtemps, de long en large et en travers, dans ce bout de bois en cherchant... mais en cherchant quoi?
La cache existe, elle en est sûre, elle en a entendu parler... encore faut-il la trouver! Alors elle marche en remuant les feuilles et branches mortes.
Elle aurait dû demander à la mamé, sûr qu'elle sait où c'est elle, à force de promener sur le caillou et aux alentours pour chercher ses herbes!

Elle ne se décourage pas,remue, retourne quand soudain... là! elle a vu quelque chose!
Derrière le gros caillou qui dépasse et qu'elle n'a pas pu retourner, trop lourd pour elle, il y a comme un bout de sol en bois. Elle se jette littéralement dessus, enlève cailloux et bois morts, terres et feuilles, dérange quelques bestioles et met à jour... une sorte de porte! avec un anneau sur le côté...
Un sourire de victoire, un coup d'oeil pour vérifier que personne n'a rien vu, et hop, elle...

hum, c'est plus lourd que prévu ça!
Elle tente donc de soulever la trappe, coincée depuis tant d'années d'immobilité.
Ca remue.. un peu... un peu plus...
Vite elle glisse une branche dans l'ouverture sombre, pour éviter que la trappe ne se referme.
Et elle continue jusqu'à pouvoir jeter un oeil dans l'ouverture.

Elle ne voit que du noir. sombre et foncé. épais et dense.
Non, elle n'a pas peur, mais quand même....
Bref, elle entr'appercoit des sortes de marches qui descendent dans le noir.
Bon, faudra qu'elle revienne avec une bougie, et qu'elle descende.

Elle ôte le caillou, la trappe se referme lourdement.
Elle reviendra...

A l'église, Le 7 mars 1458

Farwen a bien compris qu'Aristote ne l'a pas entendu, n'a entendu personne d'ailleurs. Cette petite plaisanterie est partie pour durer, ça l'énerve et ça l'inquiète...
Aujourd'hui au moins elle ne risque rien, personne ne risque rien, on est dimanche. Alors elle en profite, elle a remué tout son petit monde ce matin, et est arrivée à l'église en bonne compagnie.
Il y a avec elle la mamé, qui compte bien profiter de cette escapade pour aller refaire le plein de plantes puisqu'elle ne sort plus depuis des jours, sur ordre de la dame.
Il y a Sauvé, bien sûr, qui ne lâchera pas la mamé d'une semelle, mais qui découvre le calme et la simple beauté des lieux avec des yeux étonnés et ravis.
Et il y a Alex, dans les bras de sa mère, heureux petit homme de quelques mois accroché à sa cape de ses petits poings tout neufs, enchanté de sentir le vent sur sa figure, surpris par le soleil, et adressant à sa mère sourires et petits cris de plaisir.

Accompagnée de pareil équipage, Farwen oublie la résistance toulonnaise, les difficultés d'approvisionnement en pain, l'isolement de la ville et la peur qutidienne.
Ici elle n'est pas maire, juste mère, toulonnaise et provençale.
Elle se sent bien.

Alors elle profite de ce moment de quiétude pour prier encore une fois.
Pour la paix et le retour de français chez eux, loin d'ici.
Pour la provence.
Pour les toulonnais, pour ses amis.
Et pour les enfants de Toulon.

Toulon le 7 mars 1458, après l'église et avant le moulin, retour dans le bois derrière la mairie

La guerre...
Farwen s'était mise à en haïr jusqu'au terme, à la sonorité.
Ce n'est plus un mot, c'est une porte ouverte vers les drames, le sang, la mort, les trahisons.

La guerre...
Elle ne veut plus. tout simplement.
Alors depuis des jours elle mouline, mouline à s'en arracher la paume des mains. Elle mouline et a l'impression que sa farine se sublime : à peine sur le marché, aussitôt achetée... mais où est le pain?
Elle sait bien pourtant qu'il arrive au pain ce qu'il arrive à sa farine.
Elle sait bien qu'elle mouline aujourd'hui pour plus de 200 personnes, toulonnais, catalans et français.
Elle sait aussi que ça ne pourra pas durer.
La famine guette toute la population.

La guerre...
Elle a envoyé un pigeon à la provence libre, pour expliquer la situation.
Elle espère une réponse, elle ne supporte pas de voir le marché dans cet état.

Un soupir, une pensée vers les combattants de tous bords, aujourd'hui c'est la trève dominicale, elle a pu passer à l'église. Ensuite elle ira au moulin, comme tous les jours. Mais avant... avant elle fera un tour du côté de la mairie, au cas où...

Bien sur cette fois elle est mieux équipée.
Elle a pris des bougies, une barre de fer, de la graisse, et du linge pour se bander les mains.

Elle retrouve l'endroit de suite. D'ailleurs il faudra mieux le recouvrir la prochaine fois, voire tresser des branches, une sorte de camouflage à enlever et remettre systématiquement...
Elle se bande les mains, et tâtonne pour chercher les gonds de la trappe et les noie sous la graisse. Voilà qui devrait faciliter l'ouverture.
Et puis une grande inspiration, bande ses petits muscles, et tire de toutes ses forces sur l'anneau...

VLAN!

La voilà sur les fesses, avec un bleu en devenir sur son bras gauche, lequel a heurté sans ménagement aucun une branche qui n'avait rien demandé.
Elle n'a pas crié, mais jure maintenant à voix basse et toutes les grossièretés qu'elle connait y passent, en provençal et en français!

Elle se relève, s'époussète - il lui faudra nettoyer ses braies et sa cape, c'est malin! - et contemple l'effet du trop plein de graisse sur les gonds : la trappe est ouverte, ha ça oui, et elle voit distinctement les marches vers... vers quoi?

Elle allume une bougie et descend donc, refermant la trappe derrière elle pour ne pas se faire surprendre - houla, c'est raide! - et en bas des marches contemple... heu.. rien du tout en fait, parce que sa bougie peine à éclairer l'endroit où elle se trouve...
A tâtons donc elle cherche un mur, y fixe une bougie, suit le mur quelques mètres et recommence... oups, elle a buté contre... des tonneaux? et pleins visiblement! enfin une bonne surprise, elle sourit toute seule dans le noir... et continue jusqu'à retrouver l'escalier en ayant fait le tour d'une grande pièce creusée dans le rocher, au sol globalement plat, vide sauf les tonneaux suscités, d'environ 5m sur 7.

Et c'est là, au milieu de rien que Farwen souriante et très moyennement propre décide que ce sera l'endroit parfait pour la résistance toulonnaise!

nuit du 18 au 19 mars 1458 - sur le champ de bataille

Elle s'est prise pour un soldat.
Quelle idée saugrenue!
Elle a commencé par se planquer derrière les costauds.
Bien sûr les costauds se sont fait estourbir les uns après les autres.
Et bien sûr son tour est venu.

Elle s'est trouvée face au capitaine en chef de l'armée française, un grand costaud armé d'un énooorme gourdin.
Elle a farouchement levé son épée et a serré les dents.
Le gourdin a emporté l'épée, brisé son bouclier, démis son épaule gauche en passant... et les coups on continué à pleuvoir, jusqu'à ce qu'elle s'effondre et tombe dans un gouffre infini de douleur et de peur.
Elle n'a pas eu le temps de penser à Alex avant, alors elle y pense maintenant, pendant la chute. Alex et son père. Sauvé et la mamé. Doch et Spada, Galaad et Gisla, ses compagnons de résistance, le peuple de Toulon qui souffre et qu'elle a trahit en tombant.
Et puis la chute prend fin dans le noir absolu, vide de toute conscience, mais surtout de toute douleur...

le 19 mars 1458 - un peu avant l'aube, sur le champ de bataille

Aïe
1ère sensation, la douleur
Aïe
2ème sensation... pareil
Mais heu...aïe!
3ème sensation... ah mais ça commence à bien faire!

bon alors, je suis où?
pour savoir, suffit d'ouvrir les yeux.

AÏE!

pas possible.
bon, pour les yeux c'est loupé.
mémoire.

.....

pas terrible non plus.

sensations.
hmmmmmmmmmmm
le sol sous son corps. côté droit.
dur et inégal.
froid et mouillé.

on progresse.

essayer de bouger.

.....
AÏE
.....

mauvaise idée ça.
m'enfin bon, elle ne va pas rester là toute la journée... ou toute la nuit d'ailleurs, comment savoir?

hmmmmmmmmmmmm

pas de sensation de soleil, pas de chaleur, pas de chants d'oiseaux.... nuit.
donc elle ne va pas resterlà toute la nuit.

ah tiens, bonne idée ça.
écouter.

pas d'oiseaux donc.
la mamé ne serait pas bien ici.
mais le vent.
voilà pourquoi elle a si froid.
à cause du vent.

et puis... des murmures... comme portés par le mistral.
des gémissements aussi.
décidément, il faudrait qu'elle se souvienne...

Le 19 mars 1458 – le jour se lève sur le champ de bataille

Bon, où en est-on ?
Elle s’est comme rendormie, puis des petits coups sur sa main puis son oreille l’ont réveillée.
Des coups de bec.
La buse de la mamé, mise à contribution de manière assez inhabituelle pour retrouver la dame !
Ce qu’elle a fait. Elle est maline, la buse, elle a vite reconnu la cape rouge, les bottes noires crottées de boue, et la chevelure noire souillée de sang et de terre. Du coup elle tente de faire réagir cette masse informe, et revenir vers la mamé avec des informations complètes, pour s’épargner un second aller-retour. La mamé a rarement semblé autant inquiète, faut-il qu’elle se soit attachée à cette femelle !

Bref, des coups de bec.

Aïeuh !

C’est quoi ça encore ?
C’est curieux, il lui semble que le noir qui l’entoure est mois sombre.
Il lui semble aussi sentir des plumes dans les doigts.
Des plumes ?

Cette fois ci va falloir s’y mettre.
Et ouvrir les yeux.
Gros effort.

Ca y est.
Sauf qu’elle ne voit pas mieux, le jour se lève certes, mais à part une barre claire à l’horizon, elle ne distingue pas grand-chose autour d’elle.
Ah si elle voit la terre, et sa cape qui recouvre son bras, et sa main qui dépasse, et contre sa main… la buse de la mamé !
Un éclair, comme un coup de dague dans le tissu sombre qui recouvre sa mémoire. La mamé. Alex. ALEX !! Il faut qu’elle rentre. Il faut qu’elle se lève. Il faut qu’elle bouge. Il faut que…

Aïe !

Ca se complique.
Pas moyen de bouger.
Ben va pourtant falloir.
Et avant, tenter de se souvenir.

En attendant la buse a cessé de lui piqueter la main, cessé de s’y frotter, et s’apprête à repartir prévenir la mamé. Cà, c’est fait.

Bon, se souvenir.
Où est-elle ? Par terre. Certes. Mais encore. Hmmmmm…. Des arbres se découpent en ombres chinoises sur le ciel qui s’éclaircit, des collines aussi… pas de maison, pas de ville, pas de… Pas de rempart ? pas de palissade ?

Oh bon sang.
Ca y est.
Elle se souvient.

Le 18 mars 1458 - en fin d'après midi chez Farwen

Elle est ronchon, la mamé.
Elle a encore vu partir la dame armée de pied en cap, et il y a comme un goût de malheur dans l'air.
Du coup elle a rouspété après Sauvé qui en est resté malheureux comme les pierres, elle a posé Alex dans son berceau sans sa branche de thym à mâchouiller, et elle tourne en rond en gromellant je-ne-sais-quoi à la buse posée sur la fenêtre.
Laquelle secoue la tête, émet quelques cris de protestation, et s'envole.

Le 19 mars 1458 - aux premières lueurs de l'aube chez Farwen

Son humeur ne s'est pas améliorée après une nuit d'attente.
Alex a pleuré, Sauvé s'est levé au moins 3 fois... toute la maison sent que quelque chose ne va pas.
La dame n'est pas rentrée.
La buse non plus d'ailleurs.
Et dans les deux cas c'est mauvais signe.

Les heures passent et aux premières lueurs de l'aube la mamé apperçoit enfin la buse sur le pas de la fenêtre.
Elle s'apprête à rouspéter copieusement quand elle aperçoit lestâches de sang sur sa tête. Du sang qui n'appartient pas à la buse.
Trois sifflements échangés avec l'oiseau et la voilà qui s'agite dans la maison.
Elle réveille Sauvé :

reste là
surveille 'lex

il s'inquiete, que faire en cas de problème?

chercher brunette

Facile quoi, il suffit d'aller chercher de l'aide chez Spada la brunette, amie de la dame.
Ca c'est fait.
Elle prend quelques herbes, du linge propre, fourre le tout dans une besace, prend la buse sur son épaule et hop, elle est partie!

Le 19 mars 1458 – le jour se lève toujours sur le champ de bataille, et les souvenirs refont surface

Elle se souvient.
La guerre, les armées face à face et immobiles de jours durant.
Et puis la sortie de l’armée française, la tentative de blocage de l’armée catalane… en vain, ils ont dû reculer !
Et puis les coups.
Elle comprend.
Ce goût bizarre dans sa bouche, c’est le sang mêlé aux larmes.
Cette incapacité à bouger, ce sont les coups de gourdin assénés avec force par le géant français – car c’était forcément un géant sinon elle ne serait pas dans cet état !
Et ce mistral qui semble gémir, ce sont les autres blessés, provençaux, catalans et français… la guerre n’épargne personne…
Elle voudrait bouger.

Elle regarde plus attentivement… une ombre approche dans la lueur du jour naissant, une silhouette qu’elle connaît bien et qu’elle a appris à apprécier.
La mamé ?
Oui, avec la buse qui vole devant, comme pour lui montrer le chemin.
La buse se pose à nouveau près de sa main et vient y frotter sa tête.
Un sifflement, pour indiquer son emplacement à la mamé.

Le 19 mars 1458 - sur le champ de bataille

Ah ça y est.
La mamé a repéré la buse.
La buse et une cape rouge qu'elle reconnait.
Elle s'approche, elle croise un peu surprise le regard de la dame qui ne bouge pas.
Elle ne dit rien, s'agenouille difficilement à côté de la dame allongée sur le côté et soulève la cape, tâte le torse et le dos de la dame et...

Aïeuh!

Bonne nouvelle, la dame peut parler.
Mauvaise nouvelle, la chemise est lacérée et présente des tâches de sang. Il y en a d'ailleurs de partout, sur ses braies et ses bas aussi.
La mamé lui bouge un bras, une jambe, pas de cri, pas de hurlement. Elle fronce les sourcils : si la dame n'a rien de cassé, pour quoi diable est elle encore allongée là dans la boue et le froid au petit matin? Elle lui jette un coup d'oeil furieux, elle lui en voudrait presque de l'avoir faite se déplacer pour rien.
Dernière vérification, la mamé se demande quand même d'où vient tout ce sang.
La chemise étant déjà en piteux état, elle finit de la déchirer d'un coup sec... et s'arrête net. Bon, elle ne grognera pas trop. la dame est juste... bleue, pourpre, couverte d'ecchymoses et de sortes de "trous"... la mamé connait le signe des coups de bâtons, quand on s'est servi des noeuds et départ de branches pour en faire autant de points de pénétration. Ce n'est pas mortel, non, à moins d'une hémorragie, mais c'est très douloureux.
Et la dame a morflé, ça c'est sûr.

Bon, elle sort de sa besace une composition de son invention : un peu de mandragore et de datura pour lutter contre la douleur, le souci pour la cicatrisation, la sauge parce que c'est bon pour tout, et de la menthe pour le goût et pour requinquer la dame. Elle la lui fait mâcher, et au bout de quelques minutes voit les traits de la dame se détendre, son regard se perdre... c'est bon, elle est prête.

Elle se relève difficilement, et tend la main à la dame pour l'aider à se relever.