Touloun la Magnifique
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Touloun la Magnifique


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 Ce matin, il fait beau...

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Paquita2
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MessageSujet: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeMar 24 Fév - 20:14

Paquita sort de chez elle et farfouille dans sa collection de bâtons...
Elle en choisit un bien lourd, bien dur, poli par l'usage et parfaitement équilibré...
Puis sa canne sur l'épaule elle se dirige vers la taverne en sifflotant...

Ce matin, il fait beau... Langue20


Taverne, où elle retrouvera ses amis pour une bonne rigolade quotidienne

Ce matin, il fait beau... Images10

La rue déserte l'incita à presser le pas, les habitants devaient déjà avoir entamé les pâtés et les rôtis et il se pourrait bien qu'il ne resta plus rien si elle ne se hâtait point.
Dès la porte poussée, les clameurs des convives la rassurèrent... les bouches n'étaient pas pleines et elle trouverait bien une place où se glisser.
Les trognes réjouies des mangeurs l'amusèrent un instant et elle passa un moment à les observer. Leur joie communicative fut comme un baume sur son coeur, elle se sentait si seule depuis quelques temps déjà...


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Paquita2
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MessageSujet: Re: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeMer 4 Mar - 21:52

Hélée par ses amis, elle s'installa près d'eux et commanda un menu léger. Elle aurait à faire l'après midi et ce n'était pas le moment de s'alourdir. Les mandibules, cependant, allaient bon train et l'appétit de la vie des gourmands était communicatif, elle se sentit réchauffée de leurs sourires et de leurs joyeuses anecdotes.
Après avoir bien festoyé auprès de ses bons compagnons,


Ce matin, il fait beau... Images12
Ce matin, il fait beau... Images11



Paquita s'en fut voir les avancements dans les travaux de son moulin. S'approchant du lieu qu'elle avait choisi pour l'ériger, elle sentit son coeur se serrer. La beauté de cet endroit la poignait à chaque fois. Ses narines palpitèrent lorsqu'elle passa près d'un buisson fleuri. L'odeur enivrante la laissa un instant étourdie.
Elle avait obtenu la permission de construire un moulin à aube au sortir des gorges. Chose inhabituelle en cette région où les moulins sont plutôt à vent. Mais Paquita avait remarqué cet endroit et elle souhaitait vivement profiter chaque jour de cette beauté... Tant pis s'il lui faudrait se lever de bon matin pour rejoindre son moulin.


Ce matin, il fait beau... 11229310

Pour l'heure, le lieu était désert et elle en eut un frisson mais elle se ressaisit en pensant à l'animation qui y règnerait bientôt. Elle songea avec émotion au ballet des porteurs de sacs, à la roue qui tournerait pour apporter à chacun cette source de vie, cette source de bien être qu'est la farine...
Elle était fière de cette réalisation qui la mettrait à l'abri du besoin, elle, l'enfant perdue, l'enfant trouvée et elle rêvait déjà à son avenir si serein lorsqu'elle se figea.
Un bruit !
Elle tendit l'oreille,...
Puis elle s'élança et pénétra dans son moulin encore vide, elle se plaqua contre un mur essayant de maîtriser son souffle et les battements de son coeur. Sans bruit, elle empoigna son bâton, le tint dressé devant elle et attendit...

Ce matin, il fait beau... Guedel10


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MessageSujet: Re: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeVen 6 Mar - 5:22

Elle se raidit soudain horrifiée, aux pas qu'elle entendait se mêlait le bruit du métal des épées.
Puis l'odeur l'assaillit : celle de la crasse, de la sueur et une autre qu'elle mit un moment à identifier. C'était celle qu'elle avait reniflé en passant près de la boucherie de Seletus. Cette odeur, c'était celle du sang.
Elle recula en silence le long du mur, se baissa et dissimula son bâton parmi un tas de gravas que les ouvriers avaient laissé là. Un caillou roula sous ses pieds et elle s'arrêta, le souffle court. Elle attendit un instant mais les bottes de hommes faisaient trop de bruit pour qu'ils puissent la repérer. Elle écouta encore et déduisit qu'ils étaient deux. Des piaffements et renaclements l'informèrent qu'ils étaient venus à cheval. "Ce ne sont pas de vulgaires brigands" en conclut-elle.

Sans bruit elle se laissa glisser par la fenêtre, puis avançant au plus près du mur elle alla se dissimuler entre la grande roue et celui-ci.
A l'intérieur, les hommes fouillaient et pestaient. Elle ne comprenait pas ce qu'ils cherchaient, son moulin n'ayant pas encore démarré sa production, il n'y avait rien à voler. La rage qui animait les deux hommes la fit tressaillir. elle entendit son bâton frapper un mur et rebondir jusqu'à rouler à terre.
Puis soudain ils sortirent et commencèrent à fouiller les environs. Elle percevait des jurons étouffés et des grognements dus à la colère et la frustration.
Ils s'arrêtèrent à l'angle du bâtiment et certaines de leurs paroles parvinrent jusqu'à elle, coupées par le bruit de la roue qui brassait l'eau.
Elle identifia deux voix, l'une était rauque et cassée l'autre plus nasillarde et insidieuse fit courir un frisson d'effroi le long de son dos.
"..... passée c'tte garce ! .... es sûr ... as vu ? ... eur..... as cont...."
Ils fouillèrent encore les environs à grands coups d'épée, puis montant subitement sur leur chevaux, ils s'enfoncèrent dans le bois voisin.
Paquita resta encore un moment, l'eau glacée avait épousé son corps et elle trembla de froid.
Entendant le chant des oiseaux qui avait repris, elle comprit alors que les reîtres s'en étaient allés, tirant sur ses bras endoloris par l'immobilité dans l'eau glacée, elle sortit de l'eau et prit le chemin du retour, se dissimulant dans les buissons à chaque bruit qui lui paraissait suspect.
La marche la réchauffa et ses idées se remirent à affluer. Un tumulte de sentiments l'inonda, la faisant accélérer son pas.

Elle s'arrêta net, une pensée fulgurante venait de la traverser. elle se revit devant le conseiller du comte, attendant son tour.
Elle avait observé l'homme qui distribuait les parchemins aux nouveaux artisans.
Son teint cireux, son regard sombre et visqueux l'avaient répugné au premier abord.
Quand était venu son tour, il lui avait tendu son parchemin et au moment où elle le saisissait, l'avait retenu entre ses doigts prenant le temps de la dévisager, un rictus mauvais aux lèvres. Elle avait alors pensé qu'il avait un tic ou que les dents pourries qu'elle apercevait au fond de sa bouche le faisaient souffrir.
En y repensant maintenant, elle eut la sensation que les deux événements étaient liés.
Comment expliquer sinon qu'elle ait pu vivre sans incident parmi les villageois durant tout ce temps et que seulement au moment où elle se faisait connaître au château, des mercenaires déboulaient en son moulin.

Elle buttait à chaque pas sur les cailloux et les branches, son épuisement devenait insistant et elle s'arrêta un instant près d'un ru pour se désaltérer.
En regardant derrière elle, le chemin qu'elle venait de parcourir, son souffle se coupa.
Sa robe gorgée d'eau avait laissé une trace sur le chemin, elle entreprit de la tordre soigneusement afin d'en éliminer le plus d'eau possible. Puis reprenant courage elle reprit sa route.
En arrivant en vue de Toulon, elle contourna les quartiers de façon à ne pas croiser les personnes qui travaillaient sur le port ou le marché, au loin, elle aperçut Dark et eut un moment la tentation d'aller lui raconter... Elle se ravisa et regardant partout autour d'elle, elle se glissa sans bruit en sa maison . Les cheminées s'étaient éteintes et le froid la mordit.
Attrapant un serviette de lin, elle sécha vigoureusement ses longs cheveux, posa sa robe encore humide et sortit dans le jardin que le soleil inondait. Elle s'approcha du figuier qui en était le centre et enlaçant le tronc de ses bras, se laissa aller en de longs sanglots silencieux.Ce matin, il fait beau... Imgp1710
Peu à peu, elle s'apaisa et se laissant glisser le long de son vieil ami et confident, elle se lova et s'endormit. Les rayons du soleil séchaient et réchauffaient son corps égratigné et meurtri. Une branche s'agita sous la brise et les feuilles s'épanouirent en éventail au dessus du visage de la jeune femme, protégeant ainsi son teint de la brûlure d'Hélios. Les arbres aussi ont des sentiments....


Dernière édition par Paquita2 le Mar 2 Juin - 22:42, édité 5 fois
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MessageSujet: Re: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeVen 6 Mar - 5:42

Lorsque bien plus tard, Paquita ouvrit les yeux, les étoiles brillaient au dessus d'elle, elle se leva et alla jusqu'à sa chambre où elle alluma un feu.
Ce matin, il fait beau... Images13

Rapidement les flammes s'élevèrent, éclairant la pièce. Elle souleva alors sa robe qui était sur le fauteuil, celle-ci était sèche et avait même pris un agréable parfum de forêt au contact des buissons que Paquita avait traversés.
Lissant les plis, la jeune femme défroissa le vêtement et l'enfila.
Puis après un dernier regard autour d'elle, sortit dans la nuit et se dirigea vers la taverne.
Les étoiles au dessus de sa tête traçaient un chemin de lumière. Elle se mit à penser à Tancrel, son doux amant, à la force et à la douceur de ses bras quand il l'enserrait, à la tendresse de son souffle quand il embrassait son cou. Une chaleur diffuse envahit sa poitrine et elle sentit son coeur de dilater jusqu'à occuper toute la place.
Arrivée devant la taverne, elle entendit les rires à l'intérieur, parmi les voix elle reconnut celle de son aimé. Elle poussa la porte et entra.
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Dernière édition par Paquita2 le Sam 2 Mai - 17:03, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeMer 11 Mar - 19:48

La journée était bien avancée.
Paquita sur le seuil de son moulin regardait partir les derniers mulets lourdement chargés.
Tout au long du jour, sous la lourde pierre de meule, les blés écrasés avaient livré une farine fine et délicate qu'il faudrait tamiser.
A présent, elle sentait la fatigue la gagner et se disait qu'il faudrait bien rentrer.
Auparavant, elle se dit qu'elle devrait attraper son dîner. Tancrel, embauché à la mine se refusait à retourner pêcher. Sans perdre plus un instant, le lieu à présent rendu à ses habituels et sauvages habitants, Paquita fit glisser sa robe et, en corselet et jupon entra pieds nus dans l'eau. La fraîcheur la surprit agréablement.
Par cette chaude journée de printemps, cela la soulageait. Avec délicatesse, elle alla se poster dans le courant, calculant son positionnement pour ne point faire d'ombre et ainsi effrayer celle qu'elle avait plus tôt repérer. Dans la matinée, à son arrivée, elle avait assisté à une mouchée. La surface de l'eau, très calme s'était soudain animée et des nuées de petites mouches s'étaient envolées. Très vite des cercles, sur l'onde s'étaient dispersés, une belle truite déjeunait.
Paquita, la voyant piter à intervalles réguliers s'était doutée avoir affaire à gros gibier.
Sachant que la grasse carnassière une fois bien rassasiée entrerait en son repaire pour digérer, Paquita avait souri.
A présent, l'affaire s'annonçait délicate.
Prenant bien garde à ne pas effaroucher l'animal par une ombre ou une onde, Paquita avançait à pas légers. Quand, enfin elle fut postée, tout doucement se pencha et avança son bras, la main tendue, paume vers le haut, raclant les graviers sous la bête qui ondulait sous une grosse pierre en surplomb. La truite bougea à peine, leurrée, croyant à une algue qui la caressait. Lorsque sa main, frôlant écailles et nageoires fut bien située, Paquita reprit sa respiration puis d'un geste vif enfonça ses doigts dans les ouïes et tira. L'animal, l'instant d'après tenta une volte désespérée mais Paquita la tenait. La jeune femme la fit voler sur la rive où elle s'agita en soubresauts acharnés.
Paquita se hissait sur la rive quand elle entendit broncher, une seconde interdite, elle se reprit et s'activa. ramassant sa robe et ses chausses, la truite qui tressaillait , elle les fourra hâtivement sous une grosse pierre où elle mettait d'ordinaire son déjeuner.Puis elle se glissa sans bruit sous un fourré.
Deux cavaliers sortirent alors du sous-bois à pas tranquille et s'arrêtèrent, encore dans l'ombre de celui-ci.
Paquita les détailla. Le premier homme attirait le regard par sa haute taille. Coiffé d'un ample chapeau qui cachait son visage, il était vêtu d'une chemise qui avait dû être blanche, baillant au col et les manches accrochées par endroits. Par dessus, un gambison de cuir noir, court et matelassé, lustré, piqué de taches sombres. Ses braies s'enfonçaient dans de grandes bottes déformées. A sa ceinture une dague en son étui semblait bien petite au regard de la grande épée qui pendait à son côté.
Un grand bâton, dans le dos complétait l'équipement.
Son compagnon, plus petit, habillé quasi à l'identique fouillait le lieu du regard. Paquita s'aperçut qu'il notait la porte du moulin restée ouverte, son bâton et sa besace, posés près de l'entrée. Il les montra du doigt à son acolyte. Les chevaux, impatientés par cette immobilité forcée, firent un pas de côté, faisant passer leurs cavaliers de l'ombre à la lumière.

Les visages révélés, effrayants de férocité, étaient inconnus de la jeune femme. Le plus grand portait une barbe mal taillée où s'enfuyaient des traces pâles qui couraient sur ses joues. Un bouche molle, lippue couvrait imparfaitement ses dents gâtées. Ses yeux dans l'ombre de son chapeau luisaient cruellement. Ce qui marqua Paquita, c'était son cou...
Près de la pomme que les hommes ont à cet endroit, un trou, un cratère, vieux déjà, bordé d'un bourrelet de chair rosâtre, comme si un gros ver y avait gîté, semblait animé de tressaillements. Paquita eut du mal à en détacher le regard puis elle glissa les yeux sur le deuxième homme.
Sa bouche fine et sans lèvre, s'étirait sur le côté en un rictus cruel. Ses yeux enfoncés, bordés de cernes bistre étincelaient de cruauté.
Un bruit de pas se fit entendre venant du sentier. Les hommes tournèrent la tête, Paquita n'osa bouger...
L'arrivant marchait d'un pas décidé, il s'arrêta devant les chevaux.
Les mercenaires mirent pied à terre et se découvrirent, restant statufiés, leur chapeau entre leurs doigts sales et couturés.
Paquita voyait le dos du personnage mais elle n'avait pas besoin de voir son visage, Elle l'avait vite identifié. Ce vêtement cossu, ces manches à crevés, ces bottes luisantes, elle les avait vu peu de temps auparavant sur le conseiller du comte.
Les hommes parlaient, la conversation semblait animée. A un moment le grand homme s'approcha de son cheval et tira de sous la selle, un sac que Paquita reconnut dans un souffle et le tendit au conseiller. Ce sac lui avait été dérobé, chez elle, peu de jours auparavant, elle eut un mouvement pour se précipiter, s'arrêta bien vite. Que pourrait-elle faire sans arme ? Son bâton était hors de portée, et si elle s'était souvent entraînée avec Maître Fabiollan, Paquita était lucide et se savait n'être point de taille à lutter à main nue contre plusieurs hommes armés.
Les hommes se dirigèrent vers l'entrée du moulin et y entrèrent, menant grand tapage. Paquita sortit de sa cachette et s'élança pour entrer dans le bois. Deux ombres se dressèrent alors devant elle, elle eut la sensation que la nuit venait. Les deux reîtres lui faisaient face, l'air mauvais. Elle comprit alors la ruse de ces hommes, le piège dans lequel elle venait de tomber. Pétrifiée, n'osant bouger ni respirer, elle les regarda, l'air mauvais. Elle eut un regard pour la forêt qui l'attirait, représentant son salut. Les hommes lui barraient le chemin et semblaient s'amuser, ils allèrent même à reculons jusqu'à l'orée du bois, comme pour l'inviter à tenter de s'échapper. Paquita, du regard, balaya les alentours. Sur le seuil du moulin, le conseiller la regardait, l'air satisfait, lui refusant l'accès au chemin menant au village. Son oeil fut attiré par un mouvement : des arbres, deux ombres venaient de couler. L'instant suivant tout était terminé, les deux hommes qui lui faisaient face, le regard surpris, exorbité, cherchaient l'air, la gorge tranchée. Paquita les regarda ployer les genoux puis tomber, le regard planté, étincelant, sauvage, dans leurs prunelles qui se voilaient.

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MessageSujet: Re: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeVen 13 Mar - 20:54

Sans perdre un instant, elle volta et se tourna vers le conseiller du Comte. Celui-ci avait préféré ne pas attendre et s'enfuyait à pas pressés. Paquita le voyait, désespérée, s'en aller son sac pressé contre la poitrine. Se pensant poursuivi, le triste individu se retourna pour juger de son avance sur d'éventuels poursuivants. Ce fut un bien mauvais calcul, trébuchant contre une racine qui affleurait sur le chemin, ne voulant en aucun cas lâcher le trésor qu'il tenait serré en ses bras, il alla donner de la tête contre une grosse pierre. Paquita courut, se pencha... le regard sans vie de l'homme la rassura. Déjà une flaque de sang s'élargissait sous lui.
Sans plus le regarder, la jeune femme lui arracha ce qu'il gardait enlacé puis, lentement, se retourna vers les nouveaux arrivants.
L'air sombre, l'oeil étincelant, devant elle se tenaient Samo et Juan.Sans un mot, ils se penchèrent, essuyèrent leur lame sur les vêtements des reîtres et rengainèrent. Paquita se précipita vers Juan qui l'accueillit dans ses bras. Le jeune homme rit. Comme à chaque fois, qu'elle les voyait, Paquita, souriait, rassurée.

"Bonne chose , petite, que tu aies croisé Manolo au sortir de l'église. Il nous a fait savoir tes ennuis... et nous voici !"

Juan, babillait, comme à son habitude, joyeux feu follet. Paquita se tourna vers Samo. Le regard furieux, il regardait celui à qui il venait d'ôter la vie, l'oeil fixé sur la cicatrice qui, sur le cou pâlissait. Samo resta un moment sans bouger. Puis, se redressant, sourit amèrement à Paquita. Enfin de la voix éraillée de ceux qui peinent à parler, il prononça :
"Tu vois ces marques sur ces joues ? Ta mère en est la cause. Ce trou à son cou, mon frère Peppo l'y a placé. Juste avant que ce soldat ne les tue. Voilà enfin les nôtres vengés..."

Il lui expliqua à mots comptés comment survenant pour défendre une femme qui tentait d'échapper à l'étreinte de ce mercenaire, son frère Peppo avait trouvé la mort, le ventre percé d'une épée.
Lui Samo l'avait trouvé, non loin de là gisait la femme, le coeur perforé. Sous sa côte un plat bourrelet : le lai de tissu brodé. Il s'apprêtait à les ensevelir quand Samo avait entendu un faible gémissement. Et c'est là qu'il avait trouvé l'enfant, dans le fossé où elle avait roulé.

Le reste, il n'eut point besoin de continuer, Paquita en savait assez.
La gorge serrée, elle regarda les corps sans vie et soudain se mit à trembler. Juan serra son emprise un instant, puis, la sentant se calmer lui chuchota :

"Va te baigner."

Paquita entra dans l'eau, avançant sans à coups, insensible à la morsure que la fraîcheur exerçait sur sa chair. Arrivée à mi courant, elle plongea, sentant ses larmes se fondre dans l'onde. Elle resta ainsi à nager sous la surface, avançant à longues brassées. Quand les émotions en elle se furent diluées, elle rejoignit la rive à gestes pressés. Se hissant sur le rivage, elle regarda autour d'elle. Le calme alentour, imprégné d'irréalité la saisit. Toute trace avait disparu. Samo et Juan s'étaient bien affairés. Tendant l'oreille elle entendit au loin, le pas d'un cheval, une branche craquer.
La tiédeur de l'air eut tôt fait de la réchauffer. Elle allait pour récupérer sa robe, ses chausses, son dîner, quand non loin, elle entendit siffloter.
Elle se redressa et son coeur chavira. Tancrel arrivait.
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Tancrel
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MessageSujet: Re: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeDim 15 Mar - 14:45

Tancrel revenait de la ville en sifflotant. Il avait dans sa besace l'autorisation d'ouvrir un étal de pain cuit. Il voulait à tout prix montrer ce parchemin à Paquita. Depuis qu'il avait quitté la commanderie, il s'imaginait déjà la scène et cela, il faut dire le rendait joyeux comme un jeune adolescent. Son coeur battait plus fort que d'habitude, son estomac était plaisamment noué, et il trouvait le chemin qui séparait la porte de la ville au moulin de Paquita étonnamment long. Afin de couper, il prit un petit chemin de chasseur qui passait par le lac qui faisait office de réserve d'eau au moulin.
Pour tuer le temps et évacuer le trop plein d'amour, il sifflait un air :

https://www.youtube.com/watch?v=-_ZYDK7Xgcg

Tancrel chantait à tue tête et son esprit n'était plus de ce monde mais dans les bras de Paquita. Cette dernière était devenue depuis un fameux soir, l'obsession de toutes ses pensées, le fantôme de ses rêves.
Cette chanson, Tancrel en vivait chaque vers, chaque mot comme sien.

Douce dame Jolie
Pour Dieu ne pense, mie
Que nulle est seigneurie
Sur moi, fors vous seulement

"Douce dame jolie
Tous les jours de ma vie
Sans nulle tricherie
Vous est servie humblement"

Quand il eut finit de chanter, il entendit quelques clapotis provenant du lac. Il s'arrêta et se camoufla parmi les fougères et les buissons de houx. La forêt était rempli de farfadet et on ne sait pas ce qu'on pouvait rencontrer en esprits et êtres malfaisant.
Il se déplaca de quelques mêtres dans la direction inverse ou il se dirigeait auparavant afin de tromper cet inopportun. Il coupa sa respiration et regarda tout autour de lui. Il ne trouvait personne! D'ou cela pouvait provenir bon sang! se disait il.

Ce matin, il fait beau... Fougeres

Il faut dire que Paquita avait bien vu qu'il s'agissait de Tancrel mais ne sachant si il était accompagné ou pas, préféra être une certaine discrétion pour enfiler son bustier, sa robe rouge en toute hâte.
Elle comprit très vite que Tancrel se cachait.

"TANCREL! TANCREL! Cesse de de te cacher, je t'ai entendu de loin!"


Tancrel qui s'apprêtait à lancer une caillasse pour voir si il ne s'agissait pas d'un canard sauvage, entendit la voix de Paquita. Il lâcha subitement son gros cailloux, se leva tout sourire
"Oh bonne mère! C'était que toi! Tu peux dire que tu m'as fait paour Paqui"
Tancrel eût un rire et qui fut communicatif aux deux amoureux.

"Mais que fais tu par ici ma douce mie?"

Paquita, à peine remis de cette scène cauchemardesque, et ne souhaitant rien faire paraitre à son amant, regarda le lac en évitant soigneusement de croiser les yeux bleus de Tancrel afin de ne pas être découverte par ce mensonge .
"oh rien...je m'accordais un moment de détente en me baignant dans le lac".
Le lac était calme, et on y entendait que le bruit des oiseaux, des clapotis des tanches qui gobaient les premières araignées d'eau.
Le soleil se couchait. Le vert évanescents des feuillus se reflétait sur la surface du lac. Les canards paraissaient sur les abords des joncs.
"Mais maintenant que tu es la, ca tombe bien Tancrel, tu vas m'aider à éplucher les légumes"

Tancrel s'approcha un peu plus de Paquita, posa une main plus tremblante que d'habitude sur la taille de Paquita.
Tancrel eut un sourire mais eut une expression des plus sérieuses.
"Tu as un moment tout de même? Je voulais te parler".

Ce matin, il fait beau... Lacbonlieu7grand

Il invita à s'asseoir sur le tapis d'herbes vertes des abords du lac. Paquita hocha la tête, se baissa en pliant sa robe, croisa ses jambes et appuya sa tête contre l'épaule de Tancrel.
Les deux amants regardaient le lac qui s'éveillait au printemps.
"..voila Paqui...je voulais te montrer cela..."
Tancrel sorti de sa besace un parchemin enroulé et le présenta à Paquita.
La jeune femme fut surpris, se releva un peu et déplia le velin. Elle put lire l'autorisation accordée à Tancrel.
En un instant elle comprenait alors qu'il avait choisi de rester à Toulon.

Tancrel plongea ses yeux dans ceux de Paquita.
"J'ai bien réfléchi et si tu veux encore de moi, j'ai choisi de rester à tes côtés...Qu'en penses tu?"
Tancrel attendit une réaction de Paquita, son coeur battait la chamade, ses yeux scrutaient la moindre réaction de Paquita qui restait stupéfaite.
Ce fut une seconde qui lui parut très longue.
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MessageSujet: Re: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeDim 15 Mar - 20:49

Paquita fut saisie. Elle attendit que le tumulte en elle fut apaisé, puis la gorge nouée, d'une voix altérée, elle souffla à Tancrel :

"Doux et joyeux Tancrel, chaque instant passé à tes côtés est un bonheur renouvelé. J'accepte avec plaisir chaque instant que tu voudras me consacrer."

Puis lui tendant ses deux mains, ne sachant trop si elle devait continuer, elle préféra le silence.
Ses yeux en disaient assez...
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MessageSujet: Re: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeLun 20 Avr - 16:10

Les jours avaient coulé, clairs et chantant comme un ruisseau.
Les choses étaient simples : Paquita aimait Tancrel, Tancrel aimait Paquita...
Chaque soir, ils s'endormaient lovés l'un contre l'autre, chaque matin ils s'éveillaient en s'émerveillant du regard de l'autre. La journée les séparait, elle à son moulin, lui à son pétrin... mais jamais leurs pensées ne cessaient de s'accorder.
Elle lui racontait en pensée les détails amusants de sa journée, prenant un peu d'avance sur le moment où ils en riraient ensemble.
Il se laissait griser au souvenir de leurs caresses, priant pour que cela ne cesse, rêvant d'éternité.

Un matin pourtant, un courrier prit Tancrel au dépourvu, son univers vola en éclat. Il lut la missive, blêmit. Son passé, comme un bête sauvage lui sautait au visage. Il avait donné sa parole, on venait le lui rappeler. Un instant affolé, il eut envie de déchirer le parchemin, de le brûler, de le faire disparaître à tout jamais. Il pensa immédiatement à Paquita, à la douceur de ses bras, de son regard quand elle le posait sur lui.
Il ne se sentait pas le courage de lui apprendre que leur vie commune, bientôt, prendrait fin. Le manque d'elle le tenaillait déjà.
Pour canaliser le trop plein d'émotion, il se mit à pétrir avec acharnement, fredonnant une chanson triste et lancinante qui l'obligeait à rester concentré.
Il n'entendit pas Paquita arriver. Lorsqu'il se releva, elle le regardait.
Il eut soudain une grosse envie de pleurer... mais déjà, elle riait le prenait par le bras, le tirait, le poussait dans l'escalier.
Une douleur sourde le saisit au bas ventre. Bon dieu, qu'il l'aimait !
Toujours riant elle esquiva sa main qui cherchait à l'attraper.
Quand elle ouvrit la porte de la chambre, il en resta saisi.
Elle avait tout préparé pour le laver. Cette attention supplémentaire le mettait au supplice. Comment faire pour lui dire...
Il tenta quelques bredouillements mais Paquita ne l'écoutait pas.
Il se laissa faire, réfléchissant au meilleur moyen de lui apprendre la sinistre nouvelle.
La chaleur du bain le détendit. Il laissa son esprit au repos. Le temps se suspendit... Il regardait comme en un rêve Paquita qui s'activait, la vapeur s'élevant hors de l'eau se prêtait à la chose.
Quand le bain fut terminé, il n'avait toujours rien décidé. Il savait seulement qu'il avait de plus en plus de mal à avaler.
Elle lui tendit un drap, il s'y enroula.
Quand il fut devant elle, il craignit de la briser, tendit la main pour caresser sa tempe, là où une petite veine battait.
Et sans qu'il l'eut prémédité :

Paquita, j'ai de bien mauvaises nouvelles à t'annoncer...
Puis après un temps d'hésitation...
Avant tout, sache que je t'aime à jamais.
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MessageSujet: Re: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeMar 21 Avr - 1:46

A ces mots, Paquita se figea, elle comprit que ce qu'elle redoutait depuis leur rencontre allait de produire. Elle regarda Tancrel sans ciller, tentant de graver chacun de ses traits dans sa mémoire. Le temps n'était plus son allié, il lui fallait se presser.

Paquita, l'armée, le Languedoc, une attaque, j'ai promis mon aide, on me la réclame, c'est une question d'honneur, je dois y aller.

Elle eut envie de hurler. En elle, les loups s'animaient, déchirant son ventre avec rage, arrachant son coeur, l'empêchant de respirer. Le sang reflua de son visage, elle sentit les murs s'éloigner.
Tancrel l'enveloppa de ses bras, cherchant à lui communiquer un peu de chaleur, à lui rendre un peu de vie.
Il la souleva, la porta jusqu'au lit. Il la déposa doucement, s'assit à côté d'elle, la contemplant. Leurs regards se croisèrent. La porte de leur âme en révélait tout le désespoir.
Tancrel se pencha et doucement l'embrassa.
Soudain, tout se déchaîna, leurs mains se trouvèrent, leurs souffles se mêlèrent, ils roulèrent enlacés. La robe fut enlevée, presque arrachée. Le temps, qui s'était auparavant étiré se précipitait, les lançant l'un contre l'autre. Leurs mains, leur bouche, leur corps fébriles se cherchaient, se trouvaient. Ils luttèrent ainsi jusqu'à épuiser leur rage, leur terreur. La fureur les animait. Aucun ne voulait céder. Chacun voulait être celui qui offrirait à l'autre le soulagement, chacun s'empêchait d'y succomber.
La nuit les surprit ainsi, chacun donnant à l'autre ce qu'il lui réservait pour le reste de leur vie entière. Epuisés, ils s'endormirent soudés, aucun n'ayant gagné, tous deux ayant perdu.
Quand le jour se leva, un rai de lumière décilla Paquita. Tancrel, sur elle, pesait de tout son poids. Il dormait. Alors avec mille précautions, elle se glissa sous lui, s'échappant du lit. Il ne se réveilla pas, terrassé par le paroxysme de leur combat. Elle le regarda, grava en sa mémoire ses traits détendus, sa bouche amollie, ses paupières douces, ses joues ombrées par les cils... Elle volta, sa robe à la main, elle s'enfuit hors de la chambre, finissant de se vêtir dans le vestibule. Elle ouvrit la porte à la volée, se mit à courir en direction de son moulin. Elle ne voulait pas offrir à Tancrel, comme dernière image, celle d'une femme qui pleurait.
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MessageSujet: Re: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeJeu 21 Mai - 11:38

Plus tard, bien plus tard, alors que le soleil était déjà haut, Paquita sécha son visage... Elle se sentait vidée, anéantie, elle n'eut pas le coeur à mettre en marche son moulin. Soulever des sacs lui parut surhumain.
Elle sortit
Le soleil blessa ses yeux, elle se protégea des rayons de la main, puis s'approchant de l'eau elle se pencha pour se laver un peu.
Ses doigts collaient de larmes séchées.
Elle frotta vigoureusement, puis saisissant l'eau à pleines mains, s'en aspergea la face, elle frotta encore pour se remettre les idées en place.
Lorsque les rides à la surface se furent estompées, elle put lire son reflet. Elle y vit ses traits ravagés par la douleur, ses yeux pleins de tristesse, sa bouche qui avait pris un pli amer. Elle eut du mal à se reconnaître. Elle s'efforça un moment devant ce miroir mouvant de se composer un visage plus avenant.
Y renonçant, elle se redressa, puis à pas lents se dirigea vers la maison, ne sachant trop ce qu'elle y trouverait, se demandant si Tancrel s'en était déjà allé ou s'il l'attendait.
Dès qu'elle poussa la porte, elle fut enveloppée par un silence épais qui la pétrifia.
Trébuchant, elle monta à l'étage, la porte de la chambre était entre-baillée, elle la poussa du bout des doigts...
L'image qui lui sauta au visage, ce fut le lit...
Le lit déserté, vide, froid.
S'en approchant, elle trouva sur le boutis qui le recouvrait un velin plié. Sa main tremblante le saisit, et péniblement elle l'ouvrit.

Citation :
Ma chérie, mon âme
tu me manques déjà...
Je pars, mais rassure-toi, un courrier vient de m'arriver...
Je dois d'abord remplir une mission. L'église m'a confié des reliques sacrées, je dois les convoyer. Cette mission prime tout. Je ne sais si je reviendrai bientôt... Je ne sais si je ne devrai pas partir directement ensuite rejoindre cette folie qu'est la guerre...
La seule chose que je sais, c'est que mon amour pour toi ne faillira jamais.
Je t'aime à jamais
Tancrel

Elle reposa lentement le message sur la table, chancela, se rattrapa au dossier de la chaise. Son regard balaya la pièce vide...


Dernière édition par Paquita2 le Sam 23 Mai - 14:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ce matin, il fait beau...   Ce matin, il fait beau... Icon_minitimeJeu 21 Mai - 11:50

Tancrel parti, Paquita resta seule dans la chambre, face au lit.

Une onde glacée l'emplissait.

Il mourrait, elle en était persuadée.

D'un pas lent, elle alla vers la couche qui avait connu leur joie. D'un long geste tendre, elle lissa les draps.

Sa main se suspendit, le temps s'étira.

Paquita, attrapant un coin du drap, d'un geste brusque le dégagea. Elle l'arracha du meuble, le tissu vola comme une aile gigantesque. Saisissant le tissu à pleine main, elle tordit, tira.

Le bruit qui en résulta déchira ses entrailles. Elle en eut comme un plaisir douloureux. Elle recommença plus loin.

Tout le matin, encore et encore, elle dépeça les draps, les déchirant en longues bandes qu'elle roulait et posait dans un coin. Elle n'oublia rien, tout y passa, le linge de lit, le linge de bain. Quand il ne resta que le matelas, elle s'arque bouta, le prit, le porta sur la terrasse. Elle rentra chercher son coutelas. A genou devant cet objet qui portait encore la marque de leurs corps, elle eut un long sanglot, leva le couteau, l'abaissant avec vigueur, elle poignarda cette marque de leur amour en plein coeur. Elle frappa encore, éventra, éviscéra, ne laissant au bout du compte qu'une longue charpie. Alors elle se leva et se dirigea vers la maison. Sur le seuil, elle se retourna. Déjà des oiseaux venaient piqueter cette manne de laine pour leur nid. Paquita en fut contentée, elle voulait ne rien voir rester.

Puis elle se redressa, vibrante de fureur envers les événements qui lui ôtaient Tancrel, elle jeta le couteau au loin et s'en fut vers la chambre en courant. Le feu couvait encore dans la cheminée.

Empoignant son bâton dans un coin, elle l'abattit, tel un gourdin, de toutes ses forces sur le bois du lit. Celui-ci gémit mais résista. Elle frappa encore, la vibration remontait fort dans ses bras. Elle fit voler le bâton dans la pièce, il ne lui était d'aucune utilité en cette circonstance. A coup de pieds, elle tapa, tirant, poussant de toute la force de la rage qui l'animait, elle secoua. Au bout d'un long moment, le lit se lassa de lui résister et se disloqua. Paquita s'acharna et brisa les montants. Les éclats volaient à travers la pièce. Elle les ramassa et les jeta dans le feu qui n'attendait que ça.

Les flammes montèrent hautes et claires, sifflant, chuintant, léchant le bois, se repaissant de l'amour de Paquita.

La femme continuait sa sinistre besogne. Les montants qui supportaient la courtine avaient été décorés d'anneaux de laiton. Quand le bois éclata, un des anneaux roula au sol, fila, dans une course incertaine puis s'arrêta dans une flaque de lumière qui entrait par la fenêtre.

Paquita en lâcha les morceaux qu'elle tenait. A pas comptés elle s'approcha de l'objet qui luisait doucement. Lentement, elle se pencha et le prit entre deux doigts. Elle le contempla longuement, songeuse.

Elle avança alors les mains pour dénouer son collier. Elle en tenait déjà le cordon quand elle cessa. Puis se campant dans la lumière, elle releva le visage vers le ciel et prononça d'une voix forte.




Plus ferme foi ne fut jurée, de mon amour, mon respect, ma fidélité, contre le temps et la mort assurés

Moi Paquita, en cet instant, je te promets de t'honorer, de te chérir, de prendre soin de toi jusqu'à ce que ma mort nous sépare et ensuite pour l'éternité!




Un long silence suivit ses paroles.
Alors elle glissa son doigt dans l'anneau, tendit sa main devant elle. L'objet scintillait aimablement. Il était un peu grand pour elle, mais elle ferma les doigts et le tint serré. Elle sut qu'elle avait fait ce qu'elle devait.

Puis calmement, méticuleusement, elle entreprit de finir de brûler le lit.


Son triste ouvrage terminé, elle sortit pour rejoindre son moulin, ses yeux brouillés de larmes, ne lui permirent pas de voir le sac de Tancrel posé sur un coffre dans le vestibule...
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