la vie... l'amour!

un soir de septembre 1457, de retour de taverne

Farwen est un peu secouée.
elle rentre de taverne, où la conversation avec le sire Dahut a été fort plaisante... comme presque tous les soirs de la semaine. un peu trop plaisante même. elle sent, comment dire? un pincement un fond du coeur.
voilà, comme une lueur d'espoir qu'elle tente d'éteindre.

le sire Dahut, comme son nom l'indique, est un noble, probablement très amoureux des femmes en général et de sa promise en particulier.
mais il lui a parlé et l'a regardée comme si... comme si elle comptait vraiment.

ma fille, que vas-tu donc t'imaginer?
il doit compter fleurette à toues les paysannes qu'il croise!
allez zou, fais ton ménage, qu'il ne se fera pas tout seul!

et Farwen s'active sur son balai, bien décidée à oublier le charmant sourire et le regard de Dahut...

le 24 septembre 1457, le soir, encore...

Farwen rentre le sourire aux lèvres.
elle l'a fait.
il devait partir le soir même, alors elle a jeté aux oubliettes ses peurs et sa pudeur.
elle sourit en se souvenant de son air surpris, de la douceur de ses lèvres, puis de son sourire.
il ne saurait jamais que son coeur n'avait pas encore retrouvé son allure normale, même une demi heure plus tard!!!

le 26 septembre 1457, en fin d'après-midi

Farwen rentre de la mine, et se débarbouille un peu : il fait encore chaud, et elle est pleine de poussière. elle rejoindra les autres à la taverne plus tard....

Elle se redresse et s'essuie la figure, rafraichie et souriante.
elle parcourt des yeux sa petite maison, propre, fraiche et fleurie : elle se dit qu'un peu de compagnie lui ferait du bien... un chat peut-être? oui, un chat, elle sourit à l'idée d'un chat roulé en boule sur son lit...

Elle imagine aussi un enfant, des enfants... mais elle vieillit, 22 ans bientôt....

le 26 septembre 1457, plus tôt dans l'après-midi

Samuel, Alex et Spada...

Farwen ne peut s'empêcher d'éclater de rire... rire qu'elle interrompt, troublée...
adopter Spada... Samuel a parlé d'adopter Spada et de l'inscrire elle, Farwen, sur la demande d'adoption comme la mère... et en plaisantant ils ont même parlé du nom de leur fils, Alex, Alexandre, second prénom de samuel.

C'est sérieux? a demandé Spada.

oui, ça pourrait l'être.... ou pas! après tout elle ne sait pas ce que Samuel fera vraiment. ni ce qu'il pense vraiment.

on verra ce soir, s'il vient en taverne... ou pas!

Le 29 septembre au soir

Il était parti, emportant avec lui un bout de son coeur et le rêve d'une vie meilleure.

Elle se souvient de cette 1ère soirée en taverne, quelques jours plus tôt, et de ce poème qu'il lui avait déclamé...
Elle s'était attendu à une déclaration passe-partout, dite à tous les jupons croisés en taverne et un peu trop crédules... elle avait été suprise et touchée :

en un dimanche automne
en la paroisse fraiche
sous les trait monotones
d'un saint qui preche
j'ai apercu une lumiere
differente en la demarche
differente en la priere
seule parmi tous sous l'arche
mon sang n'a fait qu'un tour
un interdit sentiment en veine
je n'oserai parler d'amour
je ne voyait que farwen

Bien des choses se sont passées depuis.
Il est reparti vers sa vie en capitale.

Elle garde précieusement cette 1ère lettre reçue, espérée mais toutefois inattendue... et garde sa réponse en souvenir, bien cachée au chaud dans sa mémoire et dans son coeur... entre soupir et sourire...

le 12 octobre 1457

Il est revenu.
Farwen est heureuse.
Il est revenu, mais il n'est pas venu seul!
Il est revenu entourée de sa garde rapprochée, demoiselles qui lui sont fermement attachées par amour ou par amitié.

Farwen sourit.
Elle ne s'est fait aucune illusion, elle sait que Dahut n'est pas pour elle, mais elle est toutefois heureuse de sa présence et de sa conversation.
Et puis les affaires sont les affaires, oui, elle va probablement travailler avec lui, ça la changera de ses gentils mineurs ou de ses nouveaux arrivants mort-nés...

Elle s'agite dans sa maison, les températures ont bien baissé, et ça fait quelques semaines déjà qu'elle ne trouve plus de fleurs... tant pis, elle a ramassé des herbes en déclinaisons de vert, et des feuilles aux couleurs d'automne.... elle attend que le lierre soit en boules noires pour en ramasser, ça fait joli l'hiver...
Elle ouvre, aére, secoue, nettoie.... elle en chanterait presque!

le 15 octobre 1457

Farwen rentre de taverne totalement bouleversée.
Yunette est rentrée, Paqui va partir, et Galaad va devoir laisser Spada pour retourner avec sa mère.
Farwen sent bien Spada la douce déchirée à l'idée du départ de son presque fils.

Elle soupire, tourne et vire dans sa maison, déplaçant un pot à eau, bougeant un linge, époussetant une poussière imaginaire... elle n'a pas sommeil, ou plutôt aimerait tomber de sommeil mais ne sait pas comment apprivoiser cette appréhension, cette peur qui l'habite.
Elle aimerait parfois être homme, fort et courageux, armé et redoutable.
Elle regarde sa rame, arme qui l'a faite chevalière et sourit en se souvenant de son adoubement.

Elle s'asseoit sur son lit blanc qui sent bon la lavande, elle en a mis dans des sachets de tombées de tissu cet été, et depuis ces sachets protègent son linge des mites tout en donnant à ses draps l'odeur des nuits et des rêves de son enfance, quand la mamé expliquait que la lavande chassait les moustiques et les mauvais rêves.

Elle y pense, essaye de fermer les yeux et de laisser le sommeil venir.
Mais il a dû rester en taverne, son sommeil, parce que là il est aux abonnés absents.
Elle se relève, vaguement irritée et va faire chauffer de l'eau pour une ultime tisane.

Toc toc toc

La porte.
C'est la porte.
C'est SA porte.
A cette heure ci?
Chez elle qui ne recoit que peu de visites?

Elle laisse la bouilloire au coin du feu en attendant que l'eau chauffe, et va ouvrir, hésitante, craignant une mauvaise nouvelle.

Et elle reste bouche bée en voyant...

Samuel après cette soirée quelque peu perturbante avait eu l’envie de profiter de la rade de Toulon. Il s’aventura alors une heure bien sonnée à cheval sur la cote.
Il aperçut au loin les reliefs... la presqu’ile.
D nombreux projets lui passèrent en tête à cet instant… Mais en lui raisonnait toujours cette invisible distinction entre le vouloir et l’avoir.
Un petit sourire de sarcasme se dessina sur ses lèvres lorsqu’il prie la décision de rebrousser chemin. Une sorte de « nous verrons cela plus tard » ou de "tu ne perds rien pour attendre"…

En effet il était fort tard et fort sombre…

En entrant de nouveau dans la bourgade, il ralentit sa monture et relâcha un peu son attention… Se laissant aller au son des sabots a ses pensées…
Ce soir la sa pensée pour la charmante toulonnaise se transforma bien vite en un caprice…

Sans plus réfléchir, il tira la bride t tourna dans les ruelles de la ville pour arriver enfin de avant chez elle… Ou presque…

Il descendit d’Actéon qui attacha solidement puis d’un pas prudent et discret s’assura par les fenêtre qu’il allait bien pour frapper a la bonne demeure…

Toc Toc Toc

Samuel ajusta son veston d’un coup sec et se muni par anticipation d’un grand sourire.

Farwen reste bouche bée devant l'apparition nocturne...

Bon-bonsoir?

Elle bredouille, bafouille, tousse, s'inquiète, rougit, interroge

Hum...
Il est arrivé quelque chose?

Une sorte d'écho à l'appréhension qui lui noue l'estomac depuis qu'elle a quitté la taverne résonne encore à ses oreilles.
Et puis ses yeux notent le sourire du sieur Dahut, remarquent sa mise impeccable, rencontrent son regard assombri... Ses lèvres se détendent en un sourire, elle commence à se douter, à comprendre...elle change inconsciemment de posture, passe d'une attitude raide et tendue à une sorte d'invitation muette et sensuelle, à peine esquissée.
Elle s'écarte de la porte, pour ne pas le laisser dans la ruelle à la vue de tous et le faire entrer, si tel est son bon plaisir.

Merci de refermer la porte, je vais m'occuper de la tisane.

Elle se détourne un instant, remplit le pot de verveine odorante et de menthe vivifiante, verse l'eau bouillante et couvre l'ensemble, puis le regarde à nouveau. Il est resté à la porte, comme n'osant pas entrer. Suprenant... Elle désigne un siège et dit

Entrez je vous en prie, et asseyez vous. Le temps que la tisane infuse et...

Elle le regarde s'avancer, parcourir la pièce des yeux, prendre la chaise, hésiter, et finalement ne pas s'asseoir.
Ce n'est visiblement pas la tisane qui l'intéresse.
Il croise son regard, ne le lâche plus : l'intention est claire, le sourire confiant, l'issue inéluctable.

Samuel ne pouvait faire autrement que de sourire devant la réaction de la brune.

Il est arrivé quelque chose?

Alors qu'il la regardait, il fut surpris par la question, ne pensant pas que l'on pouvait s'inquiéter de sa présence si tard de cette façon... Il s'éclaircit la voix...

Pas le moins du monde. Tout va très bien.
Je passais en ville.Curieux je m suis engagé sur le chemin menant à votre demeure. Il m'était donc impossible de ne pas profiter pour vous voir un instant.

Elle l'invita à entrer.

Samuel fit donc trois pas en avant et découvrit l'intérieur...
À peine entré que Farwen s'enfuit. Le seigneur s'exécuta avec plaisir et referma la porte derrière lui sans omettre de jeter un coup d'oeil dans la rue pour discerner d’éventuels témoins... Personne et la porte fut close.

Samuel n'avait pas spécialement envie de s'asseoir.
Il regarda Farwen avec plus de tendresse et leva le bras pour tendre vers elle la main...
Sans un mot, il l'invitait à la rejoindre

Il se tenait bien droit…
Son regard ne la quittait plus et dans sa tête tournait des images de leurs différentes rencontres depuis ce jour à l’église…
Ravi d’être la avec, tout de meme, l’appréhension qu’elle se refuse a une certaine tendresse, il gardait vers elle la main ouverte appelant la sienne.

Elle ne le quitte pas des yeux, voit la main tendue, devine le reste.

La main est tendue, l'offre est faite.

Elle est pleinement consciente de la situation : d'un côté son "bon sens paysan" lui hurle de ne pas céder, d'envoyer le jeune noble rejoindre sa promise, ses courtisanes, son chateau et sa dame d'honneur... et de garder sa vie simple de paysanne toulonnaise.
et puis Farwen a quand même un petit côté romantique et séductrice, le jeune homme l'attire irrésistiblement depuis des semaines, et elle n'est pas une sainte.
Il n'y a pas de choix à faire ce soir et elle le sait : le choix, elle l'a fait à leur première rencontre en taverne, quand elle a été séduite par un poème improvisé qui l'a touchée plus que de raison.
Elle le regarde, il a belle prestance et riches vêtements, intéressante conversation et stimulantes idées... elle aurait pu bien plus mal tomber!

La main est tendue, l'offre est faite.

Elle est conquise et acquise, séduite et séduisante.
Elle sait ce qu'il va se passer. Elle ne le craint pas. Elle l'attendrait presque. Et s'il continue de la regarder comme ça, se dit-elle, c'est elle qui l'entrainera vers sa couche sans autre forme de procès!
Elle sourit à cette idée, à son amoureux d'un soir également.

La main est tendue, l'offre est faite.

Elle est sur le point d'y répondre, le tout étant de le lui faire comprendre sans mot dire.
Elle accepte donc la main tendue, approche, soutient toujours son regard.

Ils n'en finissent pas de se manger des yeux, aucun des deux n'osant l'irrémédiable, le geste qui entrainera l'irreversible.
Sauf que la patience de Farwen est limitée, la demoiselle n'est pas parfaite.
Alors elle approche un peu plus, jusqu'à l'effleurer, regards et mains soudés, et ses lèvres s'entr'ouvrent comme une promesse de paroles, mais aucun son ne sort de ce qui n'est en fait qu'une offre d'elle-même.

Son visage maintenant avait la primauté sur le reste du monde. Les bras de l'homme touché par la belle l'entourèrent. Samuel fut rassuré et charmé par se contacte si simple qu'il en voulait encore et plus. C'est ainsi qu'il se lança dans un ébat plus passionné, un corps à corps complice tout en embrassant les lèvres fines et irrésistible de Florence.

Rares étaient les instants charnels dans la vie de Samuel depuis un certain temps maintenant. Mais Farwen, depuis leur rencontre première avait toujours gardé une place dans son esprit. Ce soir, cette nuit était pour elle. Entièrement présent de corps et d'esprit Samuel chercha du bout des doigts les grains de peau aux interstices des étoffes. Puis ses caresse se glissèrent sous les corsages.
Tout les sens en éveil, les mots n'étaient plus nécessaire pour apprécier d'être avec elle.

Beaucoup de chose pouvaient avoir lieu à quelques lieux d'ici ou a des journées de route. Le seigneur ne vivait qu'accroché aux faits et gestes de la toulonnaise.

Elle rit, sourit, embrasse, joue, touche, goûte, caresse... l'amour est une fête et Farwen en oublie tout le reste...

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Au petit matin elle ouvre les yeux, un peu surprise de n'être pas seule dans le lit aux draps blancs quelque peu mouvementés par la nuit et leurs ébats.
Un rayon de soleil, celui qui la réveille habituellement, tombe sur la nuque et les épaules nues de Samuel, profondément endormi encore.
Elle se souvient, sourit, et vient se pelotonner contre lui, avide de chaleur et de tendresse. La mine et la douane attendront encoreun peu... pour l'instant elle n'est plus tribun ni meunière ni rien de tout ce qui l'occupe habituellement, pour l'instant elle est simplement l'amante d'un poète tendre et attentionné.
La réalité les rejoindrait bien assez vite...