Petite maisonnée

Pousser, pousser...Encore, toujours. Elle avait l'impression de faire cela depuis des heures...Peut-être à juste titre vu que cela faisait effectivement un certain temps qu'elle était occupée à essayer de déloger Chose de son ventre.

Mais bon, il fallait continuer encore et encore....Yunette qui le lui rappelait avec ça en plus!
Elle poussa donc encore.

Il est presque sorti. Kylah ne savait plus si elle devait être rassurée ou non ...Mais toujours est-il qu'elle ne voulait plus qu'une chose: que tout cela s'arrête et qu'elle puisse enfin ne plus souffrir de la sorte!

On lui demanda d'encore pousser car le corps de l'enfant se bornait à rester au sein de sa mère.
Mère qui s'efforça de donner une dernière fois de ses forces pour expulser Chose hors d'elle-même.

Il fit calme l'espace d'un instant. Moment de flottement qui parut une éternité à Kylah. Angoisse. Son instinct lui disait qu'il n'était plus en elle...Mais ce silence, pourquoi? En si peu de temps, elle put s'imaginer le pire. Après des mois de dur labeur, sa Chose ne pouvait pas lui imposer de se retrouver à nouveau seule... Non non.

Puis elle entendit un bruit sourd de claque qui la tira de ses inquiétudes fugaces...Et surtout, s'en suivit un hurlement inconnu au bataillon jusqu'à présent.
Le tout suivi de la voix sèche de la Mathilde:

C'est un garçon.

Kylah ne sut pas trop que faire...Elle jeta un coup d'oeil à la Mathilde, puis à Yunette.. à Mathilde qui tenait sa Chose. Son garçon comme il conviendrait de l'appeler maintenant... Et finit par poser la tête contre la couche, les yeux fermés toute exténuée, soulagée et terrorisée qu'elle était.

Elle enfouit son visage dans ses mains.Il était là.

Sorti... il était sorti. Et tout s'était bien passé... Yunette était soulagée. Son amie se portait bien, son fils, car c'était un garçon, donnait de la voix, elle était heureuse.

Observant l'enfant, elle le trouva beau... et fripé, comme tout enfant qui vient de naitre. Tendant les mains, elle le prit de celles de Mathilde et le posa sur sa mère, mère qui avait fermé les yeux et qui semblait perdue.

Kylah... voilà ton fils... alors, comment vas tu l'appeler?

Elle lui sourit, d'un sourire voulu encourageant et s'écarta un peu, laissant la mère et l'enfant se découvrir. La délivrance n'allait plus tarder.

Kylah regarda à travers ses doigts... Puis baissa les mains pour aller les poser sur sa Chose braillante que Yunette venait de lui déposer sur le ventre.

Elle hésita... Observa le petit..Puis jeta un coup d'oeil à Yunette.

Kylah... voilà ton fils... alors, comment vas tu l'appeler?

Le braillard! Qu'elle lâcha sur un ton amusé avant de reprendre plus sérieusement:

Bah comme décidé.. Aedan Aymé. Elle sourit à son amie, puis reposa les yeux sur le petiot fripé qui s'était un petit peu calmé. Ca va ça non? Aedan Aymé fils de l'Orsa! Elle sourit d'un air amusé.

C'est...petit... Je ne risque pas de le casser, hein? Elle rit légèrement, gardant bien ses mains contre son fils qu'elle découvrait d'un air intrigué... Et épuisé surtout; oui, épuisée, ça elle l'était, c'est le moins que l'on puisse dire.
Au point que si elle ne se retenait pas, elle se serait bien mise à pleurer en le voyant là sur elle. Pleurs d'épuisement, de joie mêlée de tristesse à l'idée qu'à peine arrivé là, ce petit bout d'homme ne devrait se contenter que de son ourse de mère... Tout se bousculait dans sa tête alors qu'elle observait ce petit bout d'elle, les yeux brillants.

Ne prêtant pas attention au caquetage de la maîtresse et de la nouvelle mère, Mathilde s'occupait des dernières choses à faire, d'un geste précis et connaisseur.
Elle avait noué en deux endroit le cordon ombilical, serré, et posé deux doigts dessus. Lorsqu'elle fut bien sûre de ne plus sentir aucun battement dans ce "tube", elle prit son couteau, le trempa dans l'eau chaude, et trancha. Le petit était maintenant séparé de sa mère, de ce côté là tout du moins.

Une ou deux légères contractions arrivèrent, et la délivre sortit de la mère. Elle la prit dans ses mains et examina attentivement la chose sanguinolente. Elle était intacte. Tout se présentait pour le mieux de ce côté-là, car s'il était resté, ne fût-ce qu'une infime partie de la délivre à l'intérieur du giron de la mère, celle-ci aurait pu en mourir. Elle l'avait déjà vu la Mathilde.

Après l'avoir menée au feu pour la faire brûler, ce qui se fit dans un crépissement âcre, elle trempa un chiffon dans l'eau chaude et retourna près des deux bavardes.

Faut l'nettoyer, vot'gamin.

Elle prit l'enfant et entreprit de lui faire sa toilette, puis le langea et le rendit à sa mère. Elle avait été le plus rapide possible, pour ne pas l'en priver trop longtemps. Ceci fait, elle observa.

Bon, j'pense que ma présence est plus requise par ici. M'en faut y aller, si vous voulez vot'repas m'dâme...

Sans un mot de plus, elle récupéra le panier de linge, en sortit les vieux vêtements de Galaad qu'elle déposa sur la table et partit.

(Les mois étaient passés...)

Kylah était rentrée de voyage depuis un bon moment maintenant. Le Nord. Cela lui avait plu; certains des villes et villages visités l'avaient marquée. Elle s'y serait même installée, là-bas...Mais Aymé avait à faire en Provence; toutes ces obligations les avaient donc ramenés dans le Sud.

Depuis, les jours s'écoulaient...monotones, ou presque: Kylah se levait, se préparait, allait travailler son champ de blé...Redevenu champ de maïs depuis peu. Parfois elle allait pêcher aussi. C'était devenu habituel et lassant, surtout que Yunette était loin, Dark et Elisa décédés... Aymé en retraite...Il ne lui restait guère que quelques rares amis à compter sur les doigts de la main.

Par chance, elle avait son petit Aedan. Il lui apportait une certaine sérénité et de nombreux moments de tendresse. Ce soir-là d'ailleurs, c'était encore le cas. Ainsi, pendant que Kylah terminait son écuelle de soupe, il était occupé à se contorsionner dans son couffin pour parvenir à se mâchonner le bout des orteils...Tout en souplesse!

Une fois son repas frugal terminé, Kylah joua quelque peu avec l'enfant et le petit ours de bois qu'elle lui avait confectionné. Puis, comme le soleil commençait à décliner, elle laissa l'enfant au calme et s'installa à sa table, devant son matériel d'écriture. Prise de mélancolie, elle se mit à rédiger un courrier à l'adresse d'un polignaçois rencontré lors de son périple nordique. Elle avait apprécié ce village, ainsi que les quelques conversations partagées avec cette personne. Se souviendrait-il d'elle? C'était fort peu probable, mais l'envie d'écrire était là, elle s'attela donc à la tâche consciencieusement sur un fond musical de gazouillis allègres.

Après un cri plus joyeux, elle tourna le regard en direction de son petiot.

La vue lui arracha un sourire attendri; il était redressé le garnement. Elle ponctua sa missive par une formule de courtoisie d'usage. Toute mélancolie dont elle était prise, sa vie était pour l'instant à Toulon, à ses côtés en sa demeure... Elle retourna s'occuper de son fils pour le border.

Des mois... Très longs étaient passés, entre Pavia et Alessandria.

Puis finalement l'opportunité de rentrer chez elle, guérie. Kylah la saisit au plus vite.
Les semaines sur les routes...Et finalement la rencontre avec un ambassadeur du Bourbonnais-Auvergne, le Sieur Roland, qui lui permit de cheminer sans encombre entre Draguignan et Toulon.
C'est ainsi à l'aube que la troupe arriva aux portes de Toulon.
Kylah montra patte blanche pour qu'il rentrent tous.

Le spectacle qui s'offrit alors à elle lui serra le coeur: un village, son village...Déserté par sa population - à moins qu'elle ne se cache, craignant une attaque?
Après quelques échanges de politesse, Kylah indiqua à ses compagnons de route le chemin à suivre pour aller voir la mer. Puis elle prit congé d'eux, prenant soin de leur proposer le gîte et le couvert auparavant.
Néanmoins, pour faire une telle proposition, il lui fallut d'abord rendre son chez elle plus ou moins confortable... Un minimum décent tout du moins.
Au passage, Kylah laissa Célia vagabonder et redécouvrir Toulon à sa guise; après tout, la jeune demoiselle connaissait les lieux. En revanche, pas question pour Aedan de la suivre comme il en avait l'habitude. Lui, il ne connaissait pas son village natal. Il avait dès son plus jeune âge couru les routes avec sa mère. Il était temps qu'il reprenne le chemin de la maison! Et puis, il aurait pu se perdre!

C'est ainsi que la mère et son fils retrouvèrent leur demeure. De prime abord, le temps et l'hiver avaient épargnés la bicoque. En revanche, la poussière non. Pendant que le petit garçonnet découvrait les lieux, Kylah - qui n'avait pas perdu ses marques- s'empara d'un balai et se lança dans une remise en état de son chez elle.
S'en suivit l'installation de plusieurs couches: une pour elle, Célia et Aedan, une par voyageur qu'elle pourrait éventuellement accueillir.. Il en fallut donc trois supplémentaires.

Plus tard, au marché et à la mairie...

Désolation. Ce lieu de vie et de cris où Kylah avait l'habitude de donner de la voix plus haut qu'un autre pour vendre son maïs... Désespérément vide. Quelques pauvres toulonnais, fidèles au poste, vendaient ça et là les rares denrées restées au village. Pas moyen d'acheter de quoi faire du pain comme elle le souhaitait.. Du pain? Il n'y en avait même plus! Kylah se rabattit donc sur un sac de maïs. Il s'agissait de défricher son champ.
Elle avait songer dans un premier temps à le faire elle-même...Puis finalement, elle se rendit à la mairie, toujours suivie d'Aedan, fier comme un coq de découvrir un nouvel endroit, lui qui avait déjà pas mal bourlingué pour son jeune âge.
Là, elle déposa une proposition d'embauche. 20 écus pour semer et labourer son champ... Ce serait honnête. Puis elle prit la main de son fiston et se dirigea vers la sortie de la ville.

A la mine mon gaillard, la Provence a besoin de nous!

Et ils partirent pour une journée de dur labeur qui ne se terminerait que le soir même, lorsque le jour déclinerait et que les éventuels invités auraient envie de séjourner en sa demeure.

Toulonnais débarqué Nombre de messages : 4 Date d'inscription : 06/02/2010

Le soleil déclinait derrière le mont Faron. Enel était radieuse. Il trouvèrent rapidement le marché, l'église et la mairie. Puis, Roland dut demander plusieurs fois son chemin dans cette cité qu'il ne connaissait pas. Enfin ils remontèrent la rue. Il s'arreta devant le n°28. Une échoppe à l'enseigne d'une boulangerie jouxtait la demeure en pierres taillées. Il sauta du cheval juste à temps pour réceptionner la jeune femme qui montait en croupe.

Il regarda Enel.
On y est ! Il n'est que 7 h et demi du soir, une heure acceptable pour voir si Dame Kylah s'est bien remise de la route avec ses enfants.

Il frappa à la porte.

On frappait. Mais Kylah était occupée à s'affairer au dessus d'une marmite. Si elle devait recevoir ses hôtes, ce serait le mieux qu'elle pouvait. Et il ne s'agissait pas de faire brûler sa mixture de poisson et de légumes.

Aedan, va ouvrir la porte s'il te plaît!

Tout content de jouer au grand, le gamin alla ouvrir la porte. Cela prit quelques instants... Le temps qu'il se hisse sur la pointe des pieds, qu'il abaisse la poignée de porte.
Deux grands yeux ronds se posèrent sur le Sieur Roland et sa dame. Ils étaient grands! Aedan resta un instant impressionné... Mais il les connaissait! Du coup il laissa la porte grande ouverte et courut jusqu'à ses jeux de bois.

Entrez, installez-vous donc! Kylah vint à la rencontre de ses invités, tout sourire, après avoir touillé une dernière fois dans sa popote.
Ce n'est qu'une humble bâtisse... Mais je vous ai préparé de quoi dormir confortablement.

Venez, venez! Kylah désigna son intérieur pour inviter Roland et sa dame à entrer. Elle y avait déjà dresser une table pour quatre, ainsi que quatre couchettes.

Toulonnais débarqué Nombre de messages : 4 Date d'inscription : 06/02/2010

Ils entrèrent en suivant le jeune garçon. Une savoureuse odeur de soupe de poissons flottait dans la pièce principale. Kylah leur fit signe d'entrer à son tour. Elle semblait affairée avec sa marmite qui bruissait à petits bouillons dans la cheminée.

Bonsoir Dame Kylah. J'espère que nous ne vous dérangeons pas. Après cette longue et périlleuse route, vous méritez un peu de calme.

Le charpentier parcouru la pièce du regard. Des carreaux d'argile cuite recouvrait le sol d'un ton à mi chemin entre brun et rouge. Une large cheminée occupait le fond de la pièce, sobrement meublée. Des tissus aux couleurs vives encadraient des fenêtres relativement petites. C'est qu'il devait faire chaud en plein été. Poteries finement peintes, bouquets secs de lavande, fioles d'huiles d'olive occupait les étagères. Quelques bols de terre recouverts de tissus humides trahissait l'activité de Kylah. Il n'eut guère de mérite à reconnaitre l'odeur si particulière du levain, soigneusement conservé d'un jour sur l'autre.
Quelques ouvrages et registres regroupés avec soin dans un coin de la pièce sur ce qui devait être un bureau.

Le jeune garçon avait repris ses jeux, visiblement heureux d'avoir retrouvé un endroit pour jouer.Roland sortit la bouteille de vin qu'il cachait dans son baluchon.

Désolé petit bonhomme, je n'ai pas encore eu le temps de bricoler quelques quilles pour toi, mais on va se rattraper en allant à la pêche ensemble un de ses jours si tu veux !
Dame Kylah, nous n'avons hélas pas pu ramener grand chose de notre long voyage en Italie, mais cette bouteille de vin de la région de Verone a survécu à la route et aux douaniers !

Toulonnais débarqué Nombre de messages : 1 Date d'inscription : 09/02/2010

Enelram entra dans la demeure et son coeur se resserra. Une maisonnée! Cela faisait si longtemps qu'elle et Roland était sur la route que cette maisonnée était pour elle un retour en arrière. Elle se remémora la demeure qu'elle avait encore à Aurillac, beaucoup trop grande pour elle et sans chaleur comme celle-ci. Elle se souvenait les longues nuits insomnies qu'elle avait vécues avant de rencontrer Roland. Elle passait des nuits entières à tisser et à terminer des commandes qu'elle avait eues. Elle se disait qu'une demeure peu importe la grandeur qu'elle puisse avoir, était avant tout possédée par ces occupants. Le regard du petit garçon lui concrétisa ses pensées. Un petit bout chou qui bouge et qui bouscule le quotidien de ces occupants n'avait rien de mieux pour l'ambiance. Elle le trouvait bien mignon, avec ces petits yeux un peu effrayés par notre présence. Enelram entra doucement dans la maisonnée, se laissant emportée par leurs doyens. La senteur de la soupe au poisson lui paru un don du ciel. Elle n'avait mangé que du pain et ce, depuis plusieurs jours. Elle se faisait discrète et attendait en regardant et étudiant les occupants. Un coup d'oeil vers Roland lui fît un baume au coeur. Il semblait très à l'aise. La vue du petit garçon et ses paroles parlant du jeu de quille lui semblait un cri du coeur. Serait-elle capable de lui donner un gros garçon plein de vigueur et plein de vie? Toutes ces questions se basculaient dans sa tête. Elle prit une grande respiration et s'enivra du moment présent... Celui d'être en compagnie du plus merveilleux des hommes et regarda son hôte avec un large sourire. Avec tout le courage qui lui restait, elle la saluait le plus simplement possible et la remercia de son bel accueil.

Merci de votre charitable accueil, nous nous ferons tout petit, nous devrions pas rester ici trop longtemps. Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir. Il est vraiment dommage que votre cité soit pris dans des distorsions hors de votre contrôle. Le village me semble bien vide. J'imagine que la population soit aux aguets de toutes les éventualités. Je vous trouve très courageuse d'être encore si calme.

Allons allons, cette demeure est vôtre pour le temps qu'il vous plaira! Point de souci à vous faire. Vous nous avez permis de rejoindre Toulon sans encombre, je vous dois bien cela!

Tout sourire, ravie qu'elle était de recevoir du monde, Kylah fit signe à Roland et Enelram, désignant deux couches non loin de l'âtre.

C'est très modeste.. Mais je vous ai préparé de quoi loger. Vous pouvez vous mettre à l'aise et y déposer vos affaires.

Kylah alla ensuite fermer la porte derrière ses invités, les laissant s'installer pendant qu'elle s'en retournait à son ragoût de poiscaille.
Elle le laissa encore mijoter quelques instants tout en touillant; puis elle reprit tout aussi poliment.

Vous pouvez prendre place à table, je vais servir les assiettes.

Aussitôt dit, elle haussa le ton pour appeler les deux enfants.

Célia, Aedan! A table! On vous attend!

Il ne fallut guère de temps pour que les deux enfants prennent place autour de la table. Célia bien calmement en jeune demoiselle qu'elle était - saluant au passage les deux comparses de voyage qu'elle n'avait pas encore vu du fait de son passe-temps au poulailler. Aedan en rouspétant face à la difficulté qu'il avait encore parfois pour s'asseoir sur le tabouret.
Une fois le petit monde installée, Kylah se mit au service.

Toulonnais débarqué Nombre de messages : 4 Date d'inscription : 06/02/2010

Le fumet des poissons lentement cuits dans le bouillon embaumait la pièce. Les éclats de voix joyeux des enfants résonnaient. Kylah souriait en remplissant les écuelles de terre cuite. Roland et Enel croisèrent longuement leurs regards. Dans ses yeux brillait une lueur d'émotion profonde. Chez le charpentier, la vision de cette tablée familiale, chaleureuse, simple, ponctuée des babillages des enfants, ne pouvait non plus manquer de raviver des souvenirs qu'il croyait évanouis. Mais depuis ils étaient passés par Verone...

Il rompit le pain et en distribua des parts à Célia, Aedan, Kylah et Enelram. Il se laissa porter par l'atmosphère de ce diner. Ecoutant les conversations et se taisant pour une fois un peu plus qu'à l'accoutumé. Il complimenta Kylah pour son poisson et le pain, denrée devenue rare et qu'il appréciait soudainement avec bien plus d'attention. Nul n'eut envie de parler des tristes évènements qui secouaient la région depuis maintenant trop longtemps. Etait ce la présence des enfants ? Le petit garçon multipliait les questions. Chacun mettait du coeur à y répondre avec moults récits toujours plus prodigieux et émerveillants. On eu pu croire que Sirènes, Dragons, Preux Chevaliers, et elfes malicieux étaient aussi dans la pièce.

La bouteille survivante de Verone ne résista point longtemps au flot des récits. Par bonheur, Kylah gardait quelques respectables bouteilles de Bandol auxquels les vieux plans de Mourvèdre et le doux climat de la côte avaient donné un arôme si particulier.

Les enfants finirent par bailler. Roland remit quelques buches dans la cheminée.

Le dîner se passa dans une ambiance sereine, presque guillerette... Voilà qui avait manqué à Kylah depuis bien longtemps. Et puis, elle qui n'avait jamais goûté que la bière avant son séjour italien, fut plus que ravie de pouvoir savourer quelque bonne bouteille en compagnie de ses invités.

Les discussions et récits de voyage ou fictifs allèrent bon train jusqu'à ce que les petiots montrent des signes de fatigue.
Alors Kylah laissa Roland s'occuper du foyer - comme il s'était si gentiment proposé à le faire- et prit soin de coucher les petits.

Il fallut encore deux histoires, bien qu'ils en eurent de nombreuses durant le repas.
Princesses pour Célia; un voyage de son père pour Aedan.
Kylah s'attarda longuement sur les deux enfants pour les border. Tous deux finirent par s'endormir.

Par la suite, Kylah revint s'installer à table avec ses invités - non pas qu'elle s'en était éloignée vu la taille de la demeure, mais elle se rassit.
Elle reprit quelques discussions plus sérieuses avec ses comparses, leur conseillant tel ou tel itinéraire pour rejoindre Marseille et Ais sans encombre, évitant les axes principaux. ..Puis les informant également des derniers mouvements de troupes françoyses connus.
Néanmoins, comme la nuit était déjà bien avancée, elle proposa tout de même à ses hôtes de se coucher s'ils le désiraient, leur indiquant les couches qu'elle avait préparé pour eux, au plus près de l'âtre pour qu'ils n'aient pas froid.

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