| | Confidences au bord de l'eau | |
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Yunette Toulonnais bien ancré
Nombre de messages : 340 Localisation : Dans l'Antre des dieux^^ Date d'inscription : 08/08/2008
Feuille de personnage Nom: Von Frayner Titre: Pilier de Taverne Age: 18
| Sujet: Confidences au bord de l'eau Mer 15 Avr - 22:49 | |
| Les larmes étaient séchées depuis un moment lorsque Yunette et sa marraine arrivèrent sur la rive du lac. Le chemin s'était fait silencieusement, avisant quelques gros rochers, Yunette s'y assit et, prenant une grande inspiration, entreprit un long monologue où elle confia ce qu'elle n'avait encore raconté à personne, son passé.
Je ne sais si je t'avais dit d'où je viens. Tu me sais la petite fille d'Aymé, ça... ça, c'est le bon côté de mon ascendance. Son fils, Philippe, a rencontré une toute jeune fille, il n'était pas bien vieux non plus, cette jeune fille s'appelait, s'appelle Marthe. De leur amour est née une gamine, que tu as sous les yeux. Pour je ne sais quelle raison, peut être parce qu'il ne pouvait épouser une paysanne ou parce qu'il ne souhaitait pas d'attache, il est parti, parti se battre, un soldat. Il lui a laissé un peu d'or, de quoi tenir un long moment si elle avait été économe. Mais elle ne l'était pas. Enfin, c'est ce que j'en ai déduit à force de réflexions sur la vie que nous avons mené. J'ai de vagues souvenirs de crasse, de faim, d'estomac douloureux. Mais c'est si lointain, si confus...
Relevant la tête, elle observa un instant le visage de son amie, craignant presque que les révélations la fasse la regarder différemment, sachant aussi au fond d'elle que cette pensée était bête. Replongeant dans la contemplation de ses chausses, comme honteuse de ce qu'elle racontait, elle reprit.
Pis un soir, je me rappelle que je pleurais beaucoup et qu'un monsieur a parlé à ma mère... qu'elle criait, disait non... pis elle m'a regardée... et elle s'est calmée, et après, ben on a mangé. Et tous les jours après ça. On n'a plus manqué de rien. Je n'ai jamais eu le souvenir d'être allée à l'église une seule fois... c'est pour te dire, je ne savais pas même qui était le Saint Père lorsque je suis arrivée à Toulon. Pis, j'ai grandi, et ma mère a continué a se faire payer pour aimer les hommes, on l'appelait plus Marthe... A force ses habitués se sont mis à la nommer La Mathi, et ça lui est resté.
Elle marqua un nouveau temps, contemplant ses chausses, cherchant dans cette contemplation, elle ne savait quel réconfort et courage pour avancer dans ses confidences. Sa voix se fit filet lorsqu'elle reprit.
Et je suis devenue femme... enfin, j'ai saigné, régulièrement, et, dans le même temps, les clients se faisaient plus cajoleurs, plus proches... Et certains ont commencé à parler tarifs. Moi, je ne rêvais que d'aller dans la rue jouer avec la petite mendiante, celle qui avait mon âge et dont je rêvais de faire mon amie. Mais non, enfermée, dans cette maison où les fenêtres étaient calfeutrées pour que le soleil ne vienne pas abîmer Sa peau. Heureusement, elle se faisait âpre négociatrice, ma fleur serait sans doute préservée, j'étais trop jeune, c'était cela.. trop jeune...
Enfin, c'est ce que je croyais. Quand j'ai compris qu'elle négociait vraiment, non pas pour repousser l'échéance, mais bien pour me vendre au plus offrant, j'ai pris peur. Et, le soir où la décision a été prise et que fort joyeuse elle mettait mon futur client en conditions pour... le lendemain, j'ai pris mes jambes à mon cou et j'ai fui. J'ai fui jusqu'à ce que je me retrouve à Toulon, là où je me suis découvert une nouvelle vie.
Sa voix reprit un tant soit peu d'assurance et elle releva les yeux vers Eavy.
Et c'est là que je vous ai connus, vous qui m'avez offert cette amitié... cette famille même. Oui, cette famille, c'est le mot. Désormais, elle m'a retrouvée, oui, La Mathi, celle qui m'a mise au monde, Marthe, c'est la femme vêtue de noir que tu as vu tout à l'heure. Celle à la chevelure de feu. Je ne sais encore ce qu'elle me veut ni pourquoi elle est entrée dans mon jeu lorsque j'ai fait semblant de ne pas la reconnaitre, mais... Je garde l'espoir que, peut être, elle a changé... et qu'elle se languissait juste un peu de moi... sa fille.
Son regard, chargé d'espoir ne quittait plus sa marraine, elle enlaça ses genoux, la fixant toujours, recroquevillée. | |
| | | Eavan Maeve Toulonnais bien ancré
Nombre de messages : 143 Localisation : 29 & 30 Quartier de l'Espadon Date d'inscription : 08/08/2008
Feuille de personnage Nom: Gaelig Titre: Baroùna de Seloun de Prouvenço Age: 22 ans
| Sujet: Re: Confidences au bord de l'eau Jeu 16 Avr - 1:45 | |
| Certains jours, il fallait qu'Eavan parle. Elle avait eu à inciter des hommes et des femmes à recourir à la violence et à tuer d'autres hommes et femmes s'il le fallait, ainsi qu'à mourir aussi s'il le fallait. Des mots lourds de sens.
Mais à ce moment, il fallait simplement qu'elle ne parle pas et qu'elle écoute avec attention. Comme une maraine, comme une amie.
Des paroles de Yunette, certaines tirèrent à la jeune femme de puissants mouvements au niveau de l'estomac a tendance nauséeux, mais rien ne transparut particulièrement sur le visage d'Eavan. Ce qu'elle apprit au fil des mots la sonna. Du regard honteux, de l'attitude coupable de sa filleule, elle aurait voulu avoir un geste pour effacer tout cela et lui dire que bien au contraire, de ce qu'elle apprenait, rien d'autre que de l'admiration naissait. Yunette était une femme admirable et respectable, honnête et droite. Une personne aux qualités rares. Le chemin qu'elle avait du parcourir plutot que d'en avoir honte, elle aurait du en être fière.
Eavan se rapellait bien elle aussi des périodes où la faim tiraillait, où le froid se faisait ennemi mortel, où les nuits n'étaient qu'état d'alerte permanent pour éviter les mauvaises rencontres.
Puis il y eut le silence et une prostration. Un regard, une demande où les mots étaient inutiles. Eavan s'agenouilla devant sa filleule et planta ses yeux verts dans les siens.
Yunette, je voudrais que tu t'ancres quelquepart dans ta tête, ou mieux, dans ton coeur, que tu es une personne formidable.
Ainsi cette femme était sa mère. Dur à croire. Eavan n'espérait pas de rédemption subite, soudaine et sincère de ce genre de personne mais, elle n'avait pas à témoigner de trop de négativisme vis à vis de la situation. Yunette voulait espérer que sa mère ait pu changer. Quoi de plus naturel. La marraine qu'elle était se chargerait de veiller à ce que l'affaire ne plume pas de trop sa filleule et ne laisse pas une plaie béante dans son coeur généreux.
Ta mère a peut être changé, oui ... ou peut être que non ... Ne baisse pas ta garde trop vite ...
Eavan prit la jeune femme dans ses bras et murmura à son oreille.
Sache qu'une chose est sure, je serai avec toi. | |
| | | Yunette Toulonnais bien ancré
Nombre de messages : 340 Localisation : Dans l'Antre des dieux^^ Date d'inscription : 08/08/2008
Feuille de personnage Nom: Von Frayner Titre: Pilier de Taverne Age: 18
| Sujet: Re: Confidences au bord de l'eau Jeu 7 Mai - 3:31 | |
| Le regard se faisait trouble, tandis qu'elle regardait sa marraine, son amie. Attendant sa sentence, son jugement... ou pas. Elle clôt les yeux un instant, ne sachant trop ce qu'elle allait dire, penser de sa provenance. Sortie des cuisses d'une fille de joie... La grande honte de Yunette. Son passé caché... La blague que la vie lui avait faite. Certes, l'autre partie de ses origines valait bien toutes les peines supportées jusqu'alors, mais... il n'en restait pas moins le point sensible, le point de son humiliation enfantine. La fille de la catin, celle qu'on ne voyait pas à l'église, celle qui d'ailleurs, ne savait pas ce qu'était une pastorale à son arrivée à Toulon.
Les émeraudes d'Eavan se plantèrent dans ses yeux, elle n'y lut nul jugement envers elle, et derrière la dureté qui la caractérisait, elle vit de la compassion. Les mots qu'elle prononça résonnèrent un instant à ses oreilles avant de prendre leur sens. Formidable... moui... pas abuser non plus, elle n'était qu'elle même... rien de plus, mais ces mots sonnaient agréables, lui réchauffant l'âme.
Elle hocha la tête, espérant que sa mère avait réellement changé, l'espérant au plus profond d'elle même... retrouver une mère... Si seulement... Elle se laissa enlacer par son amie, bercée par ses mots, soulagée, rassurée de la voir ne pas prendre ombrage de ses origines... D'ailleurs, comment avait elle pu douter un instant de son amitié ? Elle s'appréciaient telles qu'elles étaient... Point ne venait en compte les origines et les actes de leur famille. Chaque personne est unique... et c'est ainsi.
Regardant sa marraine, la gorge nouée, autant par l'émotion de toute ce qu'elle avait enfin osé dire, autant par la réaction de son amie. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son ne sortit. Seul un vague et rauque "merci" s'échappa de ses lèvres. | |
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