| | Scènes au quotidien | |
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Paquita2 Toulonnais mariné
Nombre de messages : 44 Date d'inscription : 10/08/2008
Feuille de personnage Nom: Paquita2 Titre: Chevalière de la Rame Age: 19 ans
| Sujet: Scènes au quotidien Lun 9 Mar - 23:27 | |
| Depuis quelques jours déjà, le temps tournait. On ne savait encore s'il pleuvrait mais des bourrasques soudaines surprenaient le monde. Malgré la chaleur caniculaire qui s'était abattue sur Toulon en ce début d'été, les hommes ne prenaient point de repos durant les heures chaudes de la journée. Paquita les voyaient passer devant chez elle. Dès potron-minet, ils défilaient, la faux à l'épaule, certains bavardant déjà, les autres silencieux finissant leur nuit tout en marchant. Les blés mûrs attendaient... Cette année, la récolte semblait abondante. Paquita appréciait d'aller porter quelques rafraîchissements aux travailleurs. C'était un spectacle qui chaque fois l'emplissait d'exaltation. Elle se vêtit à la hâte et se joignit au cortège. Ce jour, le tour était venu aux champs de Timeï de recevoir la visite des moissonneurs. Lorsque les derniers arrivés eurent rejoint le groupe, le maître attribua sa place à chacun. Les hommes alignés le long du champ finissaient de passer une pierre douce sur le fil des faux. Puis au signal, les outils se levèrent, semblèrent figés dans la lueur du jour naissant au loin et s'abattirent en cadence. En un ample mouvement souple, les lames fauchaient. A chaque pas, les épis dorés s'allongeait au sol devant les travailleurs qui les enjambaient et reprenaient leur mouvement. Paquita admirait l'art consommé de la coupe, les tiges sectionnées s'élevaient légèrement, restaient un instant en l'air, comme stupéfiées de l'événement puis s'abattaient dans un bruissement. La jeune femme prenait grand plaisir à ce spectacle lorsqu'elle aperçut la file des femmes qui approchaient. Celles-ci venaient de mettre la soupe à mijoter sur un lit de braises et rejoignaient les hommes qui avaient pris un peu d'avance. Elles aussi se placèrent sur le bord du camp, puis courbant l'échine, commencèrent à ramasser à brassées, les gerbes étalées. Elles avançaient rapidement, leurs mains volaient au dessus du sol. Dès que les gerbes étaient trop grosses pour ne point se répandre, elles saisissaient prestement quelques tiges, qu'elles tortillaient adroitement, liant en un tournemain les épis blonds enlacés. Puis posant les fétus au sol, reprenaient leur manège. Les enfants qui étaient jusqu'à présent restés sous les arbres à jouer à la main chaude ou à des marelles rapidement dessinées au sol, se levaient alors. En courant, ils prélevaient les gerbes et les rassemblaient, se mettant à plusieurs pour les dresser les unes contre les autres. Rapidement, aucune gerbe ne restant à terre, ils retournaient à leurs jeux, guettant du coin de l'oeil l'avancée des adultes. La matinée avançait. Le soleil ardait. Dans la poussière qui s'élevait, les hommes avaient ôté leur chemise et, en bedaine continuaient. Paquita de l'ombre où elle attendait, voyait luire les peaux comme un cuivre liquide, animé sous la surface par les muscles qui roulaient.
Dernière édition par Paquita2 le Dim 22 Mar - 21:30, édité 2 fois | |
| | | Paquita2 Toulonnais mariné
Nombre de messages : 44 Date d'inscription : 10/08/2008
Feuille de personnage Nom: Paquita2 Titre: Chevalière de la Rame Age: 19 ans
| Sujet: Re: Scènes au quotidien Sam 21 Mar - 20:12 | |
| En fin de journée, Timeï alla chercher une charrette. Toutes les gerbes, dressées en faisceaux attendaient. Elles furent prestement chargées. Le concert des voix qui riaient accompagnait le bruissement de la paille. Quand il ne resta plus une gerbe dans le champ, l'on prit de chemin de l'aire de battage. Au bord du champ, les gueux attendaient ce signal pour commencer à glaner les épis oubliés. Sur la charrette, tout en haut, les enfants couchés sur les gerbes riaient, ivres de fatigue et de soleil. Les boeufs sous le joug avançaient à pas lents, manifestant un douce force, un calme apaisant. Les femmes filèrent devant. Elles avaient encore bien des choses à préparer. Dans la cour, les tréteaux et les planches seraient vivement dressés. Elles s'affairaient, riant à l'avance de la joie qui naîtrait de leurs plats si longuement mitonés. Déjà, elles coupaient les grandes tranches de pain, les plaçaient entre les écuelles, veillant bien à ce que chacun put avoir la sienne. Alors que certaines allaient chercher les pâtés, d'autres cambrées à pas pressés portaient les marmites d'où s'échappaient des effluves parfumées. Lorsque les hommes arrivèrent, tout était fin prêt. Ils placèrent les bancs puis se dirigèrent vers le puits. Là, tirant des seaux, ils s'aspergèrent en criant joyeusement, lavant leur corps de la poussière collée tout au long de la journée. Tous s'attablèrent, on fit passer les pichets. Sur les visages, la fatigue laissait la place à l'euphorie. Les mains se tendirent vers les plats et bientôt en entendit le plaisant concert des molaires. En compagnie des femmes Paquita servait, heureuse de voir ces hommes satisfaits. Elle riait à belles dents de leur plaisanteries, cette tension qui s'apaisait la ravissait. Lorsque la nuit fut noire, on alluma les torches et ceux qui avaient encore un peu d'énergie dansèrent à s'en user les pieds. Les plus sages se cherchèrent un coin pour la nuit, qui dans le foin, qui dans les granges. Demain encore , il faudrait montrer son endurance... | |
| | | Paquita2 Toulonnais mariné
Nombre de messages : 44 Date d'inscription : 10/08/2008
Feuille de personnage Nom: Paquita2 Titre: Chevalière de la Rame Age: 19 ans
| Sujet: Re: Scènes au quotidien Dim 22 Mar - 20:54 | |
| Sur l'aire, les gerbes soigneusement disposées en cercle, les épis vers l'intérieur attendaient les hommes. Ceux- ci ne tardèrent pas à arriver, chacun muni de sa houe. Ils discutaient avec ardeur, le déjeuner du matin ayant réveillé leur vigueur. Tout en riant et s'apostrophant ils firent ronde autour des gerbes. La plupart crachèrent dans leurs mains avant d'assurer la prise sur le manche de leur houe. Au coup de sifflet donné par le plus âgé, la chaîne s'agita, chacun tapant à son tour en une cadence bien réglée. Le rythme ample des mouvements, la sécheresse des coups portés, les muscles qui se gonflaient, les peaux qui ne tardèrent à luire, la poussière qui s'élevait des épis martyrisés, la paille hachée voletant autour du tableau conférait à la scène une couleur ambrée nimbée de brume. Paquita, assise un peu plus loin attendait l'instant où la cadence faiblirait, où le rythme se romprait. Alors il lui faudrait servir à chacun de la bière mêlée d'eau qui les désaltèrerait. Avant de reprendre leur travail , les hommes vérifieraient l'état du grain. Si les grains étaient suffisamment tombés hors de leur enveloppe, les femmes entreraient en action, déplaçant la paille étêtée à brassées. Puis, chargeant les grains dans de vastes paniers plats, elles les feraient voler en l'air, la brise emportant les débris de paille qui pourraient subsiste, s'arrêtant par moments pour vérifier l'avancée de ce nettoyage. Toutes, jeunes et vieilles, laides et belles entrèrent en action, chantant gaiement pour se donner de l'allant: A vous, troupe légère, Qui d'aile passagère Par le monde volez, Et d'un sifflant murmure L'ombrageuse verdure Doucement ébranlez, J'offre ces violettes, Ces lis et ces fleurettes, Et ces roses ici, Ces vermeillettes roses, Tout fraîchement écloses, Et ces oeillets aussi. De votre douce haleine Éventez cette plaine, Éventez ce séjour, Cependant que j'ahanne A mon blé que je vanne A la chaleur du jour. Les hommes, plus loin, se reposaient, devisant joyeusement, les plus jeunes admirant du coin de l'oeil les corps souples des plus jolies qui ondulaient sous l'effort. Quand les femmes s'estimaient satisfaites, on leur amenait des grands sacs qu'on leur tenait ouverts. Elles y faisaient alors glisser les grains lisses et dorés. Et le travail joyeux reprenait. Lorsqu'il ne resta plus rien au sol, les hommes allèrent chercher d'autres gerbes, les disposèrent à nouveau en cercle avant de reprendre leur manège. Les femmes, essuyant leur visage poudré de poussière au coin de leur tablier se hâtèrent d'aller en cuisine, elle savaient d'expérience que lorsque les hommes auraient terminé, ils seraient affamés... | |
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| Sujet: Re: Scènes au quotidien | |
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