Après avoir réveillé Flaminia, Lambda resta un petit moment en haut, songeuse, ce visage… En fait, la jeune femme l’avait déjà aperçu. Le jour de leur première balade sur Toulon, au marché. Une amie de la fille de la Mathi. Lui revient au bout d’un certain temps de réflexion, l’image d’une femme combattante… Et elle venait d’envoyer Flaminia et sa mère adoptive en bas. Elle commençait à descendre pour prêter main forte à la maquerelle quand des bruits de lutte, des éclats de voix l’arrêtèrent. Elle attendit un peu, incapable d’avancer plus. De par ses jambes molles et sa volonté. La bataille ne la regardait pas. Marthe en avait trop fait, Lambda ne voulait plus la défendre. Déjà, la nuit de l’incendie… Elle s’était refusé d’intervenir. Quoique… Un peu de calme ensuite, elle reprit la descente, Flaminia était arrivée. Elle osa enfin se montrer elle aussi, après la tempête.
Elle ne put s’empêcher de tressaillir en voyant le sang couler de la joue la matrone. Elle était inquiète, leur relation mi violente, mi amicale, mi aimante, était bien plus emplie d’amour qu’elle ne l’aurait pensé. Elle respira à fond, ne put empêcher ses yeux d’aller chercher l’image de l’homme allongé au sol. Elle n’avait nulle envie de le contempler alors qu’il n’avait plus d’homme que le nom, et encore. Elle avança, encore. Elle tentait de garder son calme, Flaminia s’était un peu emportée, il ne le fallait pas.
La porte. Sans prononcer un mot, elle l’ouvrit, se retourna et attendit, patiemment que la guerrière sorte. Elle songea un instant que la prestance de la dame n’était en rien comparable avec la classe que la Mathi voulait avoir. C’était différent. Elle la haïssait et l’admirait tout à la fois d’avoir osé, pour ses idéaux, venir combattre en territoire ennemi. Par amour en fait. Un bouffée de honte l’envahit, elle n’avait rien fait, elle. Elle devait se rattraper.
Se forçant quelque peu, elle afficha un sourire sur ses lèvres, et, tentant d’avoir une voix agréable et assurée, elle prononça quelques paroles… de circonstance.
- En espérant que votre séjour vous a plu, dame. L’établissement de la Mathi vous souhaite un bon retour en votre demeure.
Elle songeait fortement qu'il ne fallait pas de visite policière, la tenancière avait bien trop de choses à se reprocher pour que leur visite leur soit bénéfique. Mieux valait étouffer le tout.