La fontaine

Un soir, plus précisément le 24 août de l'an de grâce 1456...Alors que tout était relativement calme dans le village vu l'heure avancée, on put tout à coup voir quelqu'un sortir en trombe de la Taverne municipale et se mettre à courir plusieurs tours autour de la fontaine sur la place du village, les bras levés vers le ciel, tout en criant
"Je suis riiiiiiiiiiiiiiiicheeeeeeeeeee, Je suis riiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiicheeeeeee"
....Puis la jeune femme - que certains auront pu identifié aisément comme étant Kylah pour peu qu'ils se trouvaient dans les environs- repartit en courant jusqu'à la taverne municipale pour y terminer sa soirée d'ivresse. Le calme retomba dans le petit village de Toulon.

Chrys se promenait avec Célia, après avoir fait quelques courses...

Il faisait chaud encore une fois... l'été durait longtemps... bien ça... mais la pitchoune semblait souffrir quelque peu de la chaleur. Elle s'arrêta donc au bord de la fontaine pour donner un peu d'eau fraiche à Célia, tout droit coulant de la fontaine.
Trempant ses mains dans l'eau, elle les posa ensuite sur le front de Célia. Celle-ci sembla apprécier le traitement, et se mit à agiter ses petits bras, éclaboussant Chrys au passage, qui rit de bon coeur avec sa fille.

Bon, un peu rafraichies toutes deux, elles repartirent, continuant la balade...

Toulonnais débarqué Nombre de messages : 8 Date d'inscription : 31/03/2009

Pèire était épuisé, le froid de la nuit commençait à se faire sentir et il n'avait toujours pas trouvé de lieu pour trouver sommeil.

Il interpella de ci, de là quelques habitants mais aucune ne semblait faire attention à cet étranger. Cela n'allait pas recommencer, le voilà de nouveau rejeter.

Puis une jeune demoiselle, à la silhouette fine et aux formes joliment dessinées, captiva son attention un moment.

Il suivit la jeune personne, foudroyée par une attirance qu'il ne pouvait résigner.
Elle ne semblait point l'avoir remarqué ou alors, le faisait-elle de bien belle manière.
Elle bifurqua dans une ruelle, il continua attiré par une curiosité grandissante ...

Spada était de plutôt mauvaise humeur. Voyou, son chiot, n'arrêtait pas de faire des siennes. Par exemple, il avait grignoté sa chaussure gauche il y a deux jours, et ce matin il a avait renversé toute sa réserve d'eau. Rien de grave mais bon...
C'est donc pour cela qu'elle allait à la fontaine, un grand seau dans chaque main. Voyou gambadait gaiement derrière elle. Spada posa ses seaux.
"Mais oui Voyou, tu auras à boire... Non non, ne bois pas dans la fontaine !"
Spada hésitait entre le gronder ou éclater de rire. Ce chiot portait décidément bien son nom...
Ayant repoussé Voyou, elle entreprit de remplir son premier seau. Etrangement, le chien s'était assis bien sagement et la regardait. Spada lui jeta un regard soupçonneux, mais il semblait être réellement calme. Tant mieux, se dit-elle.
Elle posa son seau plein, puis prit le deuxième. Quand elle eut fini de le remplir, elle se retourna.
C'est alors qu'elle vit Voyou qui avait plongé dans le seau d'eau posé derrière elle.
"Ah !"
Elle se précipita pour repêcher son chien. Le pauvre était trop petit pour survivre bien longtemps là-dedans ! C'est avec soulagement qu'elle constata qu'il allait bien.
"Voyou, tu m'as fait une peur bleue !"
Elle enfouit son visage dans les poils (mouillés...) du petit animal. Un véritable petit monstre, mais parfois si angélique...
Spada sourit et reposa son compagnon à terre.
"Fais bien attention où tu marches ! Déjà que tu es trempé, il ne manquerait plus que tu mettes les pattes dans un truc pas net... On voit que c'est pas toi qui nettoie !"
Elle repris ses deux seaux et se dirigea vers la maison. Voyou la suivait d'un air penaud.
Spada sourit intérieurement. Elle aimait ce chien à la folie, mais il ne fallait pas qu'il comprenne cette faiblesse, car sinon il serait encore moins discipliné.
Elle lança un mot réconfortant au pauvre Voyou, puis quitta la place de la fontaine.

Le Pouilleux traîna sa carcasse jusqu’à la fontaine. Il avait soif.
Faim, non, il avait mangé une miche de pain entière. C’était la donzelle qui lui avait donné, avec son môme. Il détestait l’aumône, mais il n’avait pas pu refuser ; s’il n’avait pas mangé, il n’aurait sûrement pas pu tenir bien longtemps encore.

La jeune femme lui avait parlé de « gens bons ». Quelle plaisanterie. Le monde n’était pas peuplé de ce genre de créature, ça non. Même elle, la donzelle, qui donnait son pognon pour nourrir un vieux Pouilleux n’était sûrement pas « bonne ». En effet, qui prouve que la charité est différente de l’hypocrisie ? Soit c’est pour se faire bien voir, soit c’est pour se donner bonne conscience. Et, par-dessus le marché, souvent ils ne s’en rendent même pas compte eux-mêmes, les « charitables » !

Bon, le fait était que, s’il n’avait plus l’estomac creux, son gosier était sec. Il se pencha au-dessus de l’eau afin de s’y désaltérer, mais il marqua une pause à la vue de son reflet.

Ce n’était certes pas un joli portrait que renvoyait l’eau claire, qui paraissait souillée par l’image de ce visage crasseux. Les cheveux, gris, hirsutes, n’avaient pas connu de peigne depuis bien longtemps. Les joues ridées et ternies par la poussière n’inspiraient aucune sympathie, tout comme la bouche étrécie ou le nez droit mais noirci. Seuls les yeux possédaient une véritable beauté. Ils transperçaient le reflet de leur bleu-gris métallique, tels deux lueurs ressurgissant d’un autre monde. C’était un regard fascinant, troublant, qui jurait avec l’allure de l’homme qui se tenait près de la fontaine.
Vestige d’une beauté révolue.

Le Pouilleux dispersa l’image en y plongeant ses mains en coupe pour recueillir l’eau. Il but à sa soif, et quand il eut fini, il prit conscience de sa grande fatigue. Il aurait pu retourner au marché pour dormir, mais l’endroit présent était suffisamment convenable pour un vagabond tel que lui. Il s’allongea donc, et ferma les yeux.

Phoebus chevauchait à travers champs. Ses longs cheveux blonds flottaient au vent, comme pour narguer les fleurs de colza sous les sabots de son destrier, dont la couleur n’égalait pas la splendeur de sa chevelure. Des jeunes filles qui rentraient du bourg s’arrêtaient sur son passage, béate d’admiration. Il les saluait d’un sourire étincelant où brillait une dent en or, seule rupture avec la blancheur de sa dentition.

Elle était debout face à lui, le regard perdu. "S’il te plait, Phoebus… Je… Je ne l’ai pas voulu…"

Le son du verre brisé. L’éclat d’une voix grave, autoritaire.

« Non, Père… Jamais ! »

Pouilleux à présent. Il marchait sur la route, quittant à jamais cette terre maudite. Il ne s’arrêtait que pour se saouler dans les tavernes.

Le Pouilleux se réveilla en sursaut, haletant, transpirant. Le cauchemar était revenu. Cela faisait plus de cinq ans qu’il ne l’avait pas hanté. Il se secoua. Enfoiré, c’était y a vingt ans. Putain ! T’vas te sortir ça d’la tête ?, maugréa-t-il.
Il se leva, jeta un regard alentour. Si c’était ainsi, il retournait au marché. Peut-être que des villageois allaient lui adresser la parole ce jour-ci. Il attendait cela, c’était une bonne distraction… Il cracha, essayant d’oublier ses sombres souvenirs, et de se concentrer sur qui il pourrait rencontrer au village.

Invité

Cela faisait longtemps que Katia ne s'était plus arrêtée près de la fontaine. La plupart du temps, elle passait son chemin et ne faisait qu'un seul trajet : de chez elle aux tavernes et inversement. Mais pour la première fois depuis deux longues années, elle prit le temps de s'y arrêter. Elle respira profondément et inspecta les lieux. Elle finit par admirer ce qui l'entourait, comme rêveuse. Et finalement, au beau milieu de l'après-midi, elle s'endormit sur l'herbe dorée d'un été éclatant. Elle avait le sourire aux lèvres car depuis une éternité, elle ne rêva pas. Et surtout, elle ne pensa pas. Elle respirait, elle dormait, mais rien ne peuplait ce royaume là. Elle était seule, et ça lui fit du bien.

Très souvent, elle se replie dans sa maison, et elle hiberne longtemps avant de revenir voir le monde extérieur en taverne. Et elle sent que bientôt, elle retournera hiberner chez elle. Alors elle profitait de l'air, des rires, des chants, des voix tout simplement... Et à chaque fois qu'elle se réveillait, elle rencontrait des personnes qu'elle n'avait jusqu'à présent aucunement remarqué...

J'étais nouveau à Toulon.
Ce matin là, je suis sorti très tôt pour visiter la ville, avant d'aller labourer mon champ. Les rues étaient encore désertes.

Je m'arrêtai à côté de la fontaine. Son doux murmure de cascade brisait le silence matinal et me mettait en train pour la journée. Je regardai autour de moi et je trouvai cette cité, ma cité, bien belle en ce petit matin.

Après ces quelques rêveries, je repartis vers le champ qui m'attendait.