Touloun la Magnifique
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Touloun la Magnifique


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 A n'ouvrir qu'en 1468 !

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Paquita2
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MessageSujet: A n'ouvrir qu'en 1468 !   A n'ouvrir qu'en 1468 ! Icon_minitimeDim 13 Sep - 23:21

Le soir tombait. Un ciel rouge, saignant l'épouvante envahissait la baie.
Paquita venait de fermer les volets lorsqu'elle entendit toquer au vantail de la porte d'entrée.
Attrapant un chandelier, elle s'en fut ouvrir, le coeur battant.
Elle n'avait pas perdu espoir qu'un soir, peut-être...
L'ombre qui se dessinait dans le couchant la fit reculer d'un pas.
L'homme avança et sa trogne s'illumina à la lueur de la chandelle. Non, certes, ce n'était pas Tancrel !
D'une voix cassée, il entreprit :

- C'est vous Dame Paqui ?
- Si fait, entrez...
- Je vous apporte des nouvelles... de la part de votre Tancrel.

Le coeur serré à lâcher, elle le fit entrer au logis. Elle le mena à la cuisine et lui servit des restes du repas, qu'elle réservait aux vagabonds.
L'homme se jeta sur la nourriture, enfournant tout ce qui passait à portée de ses doigts sales dans sa bouche à moitié édentée.
Paquita le regardait manger, l'impatience la gagnait mais elle n'osait le brusquer.

Quand, enfin, il eut terminé, il s'essuya les lèvres d'un revers de manche, frotta ses doigts graisseux sur sa chemise et releva la tête vers Paquita.

Il avait prévenu que vous étiez jolie, ben, il a pas menti.

Paquita ne tenait plus en place. Pour dissimuler son empressement, elle attrapa son mortier, son pilon, l'emplit de feuilles d'épinards qu'elle destinait à un verjus. Elle se mit à cogner, cela passa un peu ses nerfs.
« Mieux vaut haché qu'entier, mieux vaut pilé que haché » se récitait-elle pour tromper son attente.


Enfin, dans le rythme sonore du pilon qui battait la cadence, il se mit à parler :

Nos lances sortaient toujours en nombre de cent ou six-vingt :
bien armés, avec boucliers, coutelas, arbalètes et pistoles, piques, pertuisanes et hallebardes ;
lesquels allaient jusqu'aux tranchées réveiller les ennemis en sursaut !
Les canons se mettent à ronfler, les tambours à battre...

Là où l'alarme se donnait en tout camp, leurs tambourins sonnaient

Le pilon martelait : plan plan ta ti ta ta ti ta touf touf,
La voix de l'homme enflait.

Pareillement leurs trompettes et clairons ronflaient et sonnaient :
boute selle boute selle
monte à cheval monte à cheval,
à caval, à caval


Et tous les soldats criaient en divers langages selon leurs nations :
à l'arme à l'arme aux armes

Et les voyait-on sortir de leurs tentes et petites loges ?
Drus comme fourmillons lorsqu'on découvre leurs fourmilières,
pour secourir leurs compagnons qu'on égorgeait comme des moutons.


La cavalerie pareillement venait de toutes parts au grand galop

Le pilon accéléra.
Patati patata, patati patata, patata, patata,

Et leur tardait bien qu'ils ne fussent à la mêlée où les coups se déportaient pour en donner et en recevoir...*

Il cessa de parler, le gosier desséché. Paquita cessa de taper, les mots l'avaient imprégnée. Sans rien dire, elle reposa le mortier sur la table, se leva, servit à boire au soldat. Puis dans un coin près de l'âtre, dans la salle commune, elle installa une paillasse qu'elle lui désigna. L'homme acquiesça sans bruit. Il voyait bien le trouble où il l'avait mise.
Elle alla au pas de la porte, se retourna. L'homme la regardait. Dans ses yeux sombres une flamme brillait. Tremblante comme une feuille, elle lâcha :

- Il est...
- Il va bien... Il m'a chargé de vous dire qu'il vous aime à jamais.


Elle se détourna et grimpa l'escalier. Entrant dans la chambre éclairée d'un simple lampe à huile, elle se dirigea vers le lit, bien plus grand que le précédent. Elle souleva le linge qui le recouvrait et contempla en silence cette perfection qu'il recelait. La ressemblance troublante, une fois de plus, la transperça.
Elle fit glisser sa robe sans bruit, délaça son camisolet et, en sans plus se dévêtir, elle se glissa dans le lit. Ses lèvres effleurèrent des cheveux blonds bouclés. Son nez s'enfouit dans cette masse... même le parfum qui s'en dégageait était à s'y tromper.
Elle ferma les yeux... Tancrel !...

* texte inspiré librement d'une oeuvre de Ambroise Paré.
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Paquita2
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MessageSujet: Re: A n'ouvrir qu'en 1468 !   A n'ouvrir qu'en 1468 ! Icon_minitimeDim 13 Sep - 23:44

Au matin, Paquita fut réveillée par une multitude de bises qui picoraient son visage, gardant les yeux fermés, elle sourit.
Des murmures, des chuchotis...
Les baisers reprirent plus pressants, insistants. A cette seconde, le passé ressurgit, une larme perla au coin de ses paupières.

- Arrête, tu vois bien, tu la fais pleurer !
- Mais non, elle est pas réveillée...


Une main sur ses cheveux...
- Mère,... ils sont encore tout mouillés !

Elle jura et ouvrit les yeux.

Pascarel la regardait, il se redressa, un frisson de joie le parcourant. Il avait la mère qui connaissait les plus beaux jurons de la ville entière. Il les retenait très volontiers et cela lui conférait un aura non négligeable auprès des gamins du quartier. Ce juron là, il ne le connaissait pas encore et il le nota avec délectation.
« Par le cul vert de l'hiver ! » sûr que cela aurait franc succès !

Les yeux de sa mère le regardait. Il aimait ces yeux à la couleur changeante. Il avait appris à y lire les humeurs de la belle Dame et ainsi à éviter bien des coups de battoir à son fessier.
Pour l'heure, les paupières avaient teinte ocre foncé, il comprit qu'elle avait encore pleuré en son sommeil. Il la bisa tendrement et se releva.
Derrière lui, Tanita s'impatientait.

- Bouge-toi ! C'est à moi !
Et la gamine quoique plus petite en taille l'avait poussé avec vigueur. Il ne dit rien et s'écarta, il avait appris à ne pas trop contrarier sa soeur.
Paquita ouvrit les bras et les enfants s'y calèrent avec délice. Ils restèrent un instant ainsi, s'imprégnant les uns des autres avant de commencer leur journée.
Tanita finit par gigoter.

- Mère, on a faim !

Paquita se leva, rassembla ses longs cheveux en une lourde torsade, laça son camisolet et passa sa robe. Tandis que les enfants s'habillaient, elle descendit au fournil. L'odeur du pain frais la mit de joyeuse humeur.
Devant le four, Jacquot s'activait.
Après son retour à Toulon, Paquita avait hésité à détruire le fournil, mais quelque chose l'avait retenue et elle avait engagé Jacquot qui était bien content de travailler au chaud.
Elle lui fit signe qu'elle prenait une miche de pain, il opina de la tête, tout à la cuisson de la fournée suivante. Sans avoir le même parfum que celui de Tancrel, le pain de Jacquot était tout à fait honorable. Elle alla à la cuisine et tailla de grands tranchoirs. Elle y passait un peu de crème sur laquelle elle fit couler un trait de miel et déjà les enfants déboulaient de l'escalier.
Une ombre se fit dans l'encadrement de la porte. Le soldat entrait. Il tendit la main vers un tranchoir quêtant une approbation de la maîtresse de maison. Celle-ci hocha la tête bien volontiers. Il s'empara d'une gousse d'ail et en frotta le pain puis il saisit un oignon, piocha quelques olives cassées qui marinaient dans leur saumure et alla s'installer dans un coin.
L'homme et les enfants se dévisageaient.


Tudieu, souffla l'homme à Paquita, lui c'est la tête coupée de son père ! Et sans vouloir vous offenser, votre fille vous surpassera en beauté.
Paquita sourit, elle aussi, pensait ainsi.
Les enfants, leur déjeuner avalé réclamèrent leur leçon. La mère et les gamins se dirigèrent vers la salle commune. Paquita attrapa les bâtons et en lança à chacun d'eux. Si Tanita avait été leste et l'avait attrapé avec succès, celui de Pascarel roula à terre. Sa soeur attendit qu'il soit armé, en garde et commença le combat. La gamine était vive et attaquait à pas pressés. Pascarel paraît, reculait.

Paquita leur prodiguait des conseils. Frappant de taille et d'estoc, Tanita avait manifestement le dessus, l'ardeur au combat lui rosissant les joues, ses longs cheveux volant derrière elle, barrant son visage lorsqu'elle tournoyait sur elle-même dans une envolée de jupons.
Elle était magnifique à voir et Paquita ne se lassait pas de la regarder virevolter.
Le pauvre Pascarel quant à lui peinait. Il n'avait jamais trop aimé les combats, sachant trop pourquoi, quand elle se croyait seule, sa mère pleurait.
A un moment, ses bras se lassèrent et il souffla

Piou, fatigué...
Sa soeur en profita pour armer son bras.
Paquita en un éclair s'interposa.

Jeune fille, gronda-t-elle, ce n'est pas un combat à mort. Tu ne dois pas profiter que ton adversaire a baissé sa garde pour le blesser.
Derrière elle, Pascarel se moquait, faisant des grimaces à sa soeur. Paquita se retourna.
- Et toi ! Il faut que ce soit une donzelle qui te mette à mal ?! Pare, je te l'ai déjà dit !
- Ben, elle sait pas jouer, elle fait tout pour de vrai!

Paquita soupira. Au fond d'elle même, elle était soulagée que Pascarel ne montre pas plus d'enthousiasme que cela au combat.

Au moins espérait-elle, il n'ira pas guerroyer.

Son regard croisa celui du guerrier et elle rougit. Celui ci avait apprécié en connaisseur la prestation de la fillette, il hocha la tête.

-Votre homme m'avait décrit votre agilité au combat, je vois que la graine ne se perd pas, dit-il en montrant la fillette du menton.

Les enfants s'étaient figés. Ils avaient compris que cet homme connaissait leur père.
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MessageSujet: Re: A n'ouvrir qu'en 1468 !   A n'ouvrir qu'en 1468 ! Icon_minitimeJeu 31 Déc - 2:54

Paquita se raidit. Elle ne parlait quasiment jamais de Tancrel aux enfants. La douleur de le savoir au loin, trop vive, la muselait. Elle venait de comprendre en les voyant pétrifiés à quel point ils avaient besoin d'entendre les aventures de leur père.
Elle échangea un long regard avec l'homme. Celui-ci eut conscience de l'atmosphère épaissie tout soudainement et il frotta le sol du pied, embarrassé.
Lorsque Paquita d'un imperceptible hochement du menton lui accorda l'autorisation de parler, il fut soulagé de mettre fin à cette oppressante situation.
Il mordit à belles dents dans le quignon qui lui restait en main, mâcha rapidement, déglutit et entama :

Votre père, les enfants est un homme d'exception...
Les deux petits, les yeux hallucinés, captivés, vinrent machinalement s'asseoir de part et d'autre de l'homme crasseux. Paquita appuya son épaule contre le chambranle de la porte et écouta elle aussi.
L'homme déroulait son discours, ne scellant rien de ce qu'il savait sur Tancrel aux enfants.

Paquita put mesurer à quel point il avait reçu la confiance de Tancrel qui s'était ouvert à lui de détails sur sa vie qu'elle même avait failli oublier et qui ressurgirent avec force à la surface. Au fur et à mesure que le soldat déroulait son récit, Paquita revit des pans entiers de son passé remonter à la surface de sa conscience. Chaque mot rendait plus opaque le fantôme de Tancrel qui flottait constamment à ses côtés. Il lui semblait qu'il était là, passant un bras autour de ses épaules et qu'il contemplait en souriant leurs deux enfants subjugués par les mots qui coulaient de la bouche de cet homme frustre.
La matinée était déjà fort avancée quand l'historique des exploits de Tancrel prit fin.
Un long silence s'installa, entrecoupé des soupirs repus des deux petits et de celui, soulagé de Paquita qui n'aurait jamais trouvé la force d'évoquer ainsi Tancrel.
L'homme se secoua.

C'est pas le tout ! Parait qu'il y a une guerre contre la Bohême ! J'ai bien l'intention d'y prendre part. Il me plait bien ce Mathias Corvin, à c' qu'on en dit. Je m'en vas aller me ranger à ses côtés. Et comme ça fait un bout que ça a débuté, ils m'attendent, je parie pour gagner cette guerre!
Il partit d'un rire tonitruant.
Puis fouillant sa besace, il en sortit un petit sac qu'il vint déposer dans les mains de Paquita.

Tenez Dame Paqui, pour vous remercier du gîte et du couvert.
Je reviens d'Italie et là-bas, on commence à récolter ça.

Paquita dénoua le ficelle de chanvre qui maintenait le sac de toile fermé. De drôles de grains allongés coulèrent dans sa main. Sur le coup, elle les aurait pris pour de l'avoine mais ils étaient bien différents. Elle les fit rouler dans sa paume, les examinant avec curiosité.
Là-bas, ils appellent ça du riso. C'est point mauvais. Faut le faire bouillir longuement, après, vous le mangez comme du blé concassé ou de l' épautre.
Paquita le remercia vivement pour ce cadeau. Elle le regarda rassembler ses affaires et se diriger vers la porte.
Les enfants, impressionnés par la stature du personnage, s'étaient écartés et s'étaient rapprochés de leur mère. Tous trois le regardèrent en silence se diriger vers la porte, l'ouvrir et s'en aller après un dernier salut. Il fallut longtemps à Paquita pour reprendre ses esprits et aller refermer la porte. Dehors, la rue était vide. Seules, quelques feuilles poussées par un vent frileux sautaient, en trébuchant, la rigole au milieu de la rue.
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MessageSujet: Re: A n'ouvrir qu'en 1468 !   A n'ouvrir qu'en 1468 ! Icon_minitimeMer 20 Jan - 12:51

Tanita déteste les mains de sa mère. Pour tout dire, elle en a honte.
Les mains de Paquita sont pour elle, inélégantes, des mains de paysanne, rougies par les lessives, crevassées par les travaux de la maison et des champs,
Au moulin, les mains de Paquita sont devenues rudes et noueuses, dures à la peine. Tanita voit les mains des mères de ses amies, fines et blanches, aux ongles polis. Elle ne peut s'empêcher de faire la comparaison. Elle ne comprend pas pourquoi, Paquita s'obstine à travailler chaque jour. La famille, si elle ne vit pas dans l'opulence a, cependant, une certaine aisance. Il serait facile à Paquita d'engager des journaliers pour les travaux des champs et des commis comme Jacquot, au fournil, pour le travail du moulin. Alors, pourquoi s'abîmer ainsi. Cela dépasse Tanita.
Les bourgeoises de Toulon ont des mains agréables à regarder, Elles les soignent, évitant les travaux salissants ou qui pourraient entamer la beauté de leurs doigts.
On dirait que Paquita ne voit pas cela.
Elle a pourtant des amis dans la bourgeoisie de la ville, et même parmi les érudits, qui eux, ne se servent de leurs mains que pour écrire ou tourner des pages.
Ce que Tanita déteste par dessus tout, c'est ce petit doigt de la main gauche. Celui que Paquita a laissé prendre sous la meule, il y a fort longtemps. Elle s'en souvient encore !
C'était juste après le départ de son père pour un long voyage. Tanita sentait bien que sa mère était meurtrie par cette absence. Elle jouait dans un coin du moulin, assise par terre, avec les objets de bois que Tancrel avait sculpté pour elle.
Lorsqu'elle avait entendu un cri, bref, sonore. Elle avait tourné la tête. Paquita tenait sa main, les yeux écarquillés, incrédules.
Un liquide épais coulait et se répandait sur le sol.
En quelques mots brefs et impérieux, Paquita lui avait ordonné de la suivre et elle était partie très vite, marchant rapidement. Tanita avait peiné à garder la distance, ses petites jambes courant et martelant le sol irrégulier pour ne point perdre sa mère de vue.
Le village approchait, Paquita pressait le pas d'avantage encore. A la première ruelle, elle avait tourné, s'enfonçant dans la rue des forgerons. Tanita l'avait perdue de vue. En pleurant, elle avait regardé dans toutes les échoppes et avait fini par apercevoir sa mère au moment où on lui appliquait le fer rouge sur la plaie, au moment où elle perdait connaissance et où on l'allongeait au sol.
Oui ! Tanita déteste les mains de sa mère ... Ce petit doigt plus court d'une phalange lui fait horreur.
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MessageSujet: Re: A n'ouvrir qu'en 1468 !   A n'ouvrir qu'en 1468 ! Icon_minitimeMer 20 Jan - 12:52

Pascarel raffole des mains de sa mère. Pour tout dire il ne trouve qu'il n'y a rien d'égalable !
Les mains de Paquita ont les paumes douces. Quand elle lui caresse la joue, il a l'impression qu'un oiseau le frôle de son aile. C'est si doux qu'il n'arrive pas à garder les yeux ouverts. Quand il a la fièvre, et qu'elle pose sa paume sur son front brûlant, la fraîcheur et le calme qui l'envahissent alors, sont parmi les sensations les plus agréables qui soient.
L'hiver, quand il a les mains gelées, elle les prend entre les siennes et les réchauffe en un instant.
Oui, les mains de Paquita sont douces, fraîches et chaudes.
Sur le dessus, des veines forment des dessins, des paysages de collines et de vallons, de ruisseaux et de forêts. Ce sont des mains qui font rêver Pascarel. Les doigts sont devenus noueux à force et on dirait les branches d'un arbre. Des branches qui bougent avec le vent parce que Paquita ponctue ses phrases de mouvements et cela fait comme un ballet. Un fois Pascarel s'est amusé à boucher ses oreilles et à ne regarder que le langage des mains qui virevoltaient en l'air. L'histoire qu'elles racontaient était belle et émouvante.
Quand Paquita rajuste les vêtements qu'il a mis à la va-vite, qu'elle le secoue un peu en remettant le col de la chemise ou du bliaut en place, qu'elle fait tomber les plis le long de son corps en les lissant, Pascarel a l'impression qu'elle vient de lui poser une armure et il se sent fort et plein de courage.
Les mains de Paquita peuvent tout, rien ne leur est impossible. Elle sait coudre et broder avec, même si elle jure entre ses dents chaque fois qu'elle se pique. Elle s'en sert pour soulever des sacs qui impressionnent Pascarel ! Lui aussi veut pouvoir en faire autant plus grand !
Et puis surtout, elle sait s'en servir pour faire des délicieux repas. Il se plaît à la regarder éplucher, couper, hacher, piler, les mains de Paquita dégagent alors une puissance qui l'impressionnent. Mais jamais autant que lorsqu'elle pétrit la pâte à massepain, qu'elle prépare les gâteaux et que, détail qui le fait rire, elle enfonce son drôle de petit doigt dans le biscuit terminé pour signer. Personne d'autre au village n'a ça !
Pascarel est fier de sa mère et de ses mains.
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MessageSujet: Re: A n'ouvrir qu'en 1468 !   A n'ouvrir qu'en 1468 ! Icon_minitimeMer 10 Fév - 0:30

Le passage du soldat a beaucoup bouleversé Paquita. Elle peine à reprendre pied dans sa vie. La réalité lui semble éloignée, nimbée du manque que cette venue a réveillé. Paquita depuis ce fameux soir perd le manger, le boire et le sommeil. Tancrel lui manque tant qu'un feu coule dans sa poitrine. Chaque souffle qu'elle exhale la brûle douloureusement. Ses yeux emperlés de larmes portent un regard inattentif sur le monde qui l'entoure.
Depuis trois jours, elle n'a plus goût à chanter ni rire et a abandonné l'entraînement avec les enfants, les laissant libres d'aller à leur guise.
Ceux-ci, d'abord ravis de l'aubaine sont à présent désorientés.
Le matin du quatrième jour, Jacquot, le commis, pose devant Paquita une panière remplie jusqu'au bord de pains.

Dame ! C'est la livraison pour la taverne de Seletus ! J'y serais bien allé mais j'ai encore deux fournées à surveiller et il a insisté pour les avoir rapidement. Parait que les temps sont durs et que le monde mange plus de pain !
Les mots franchissent difficilement le barrage de la raison égarée de Paquita. Elle finit par comprendre qu'elle doit s'y rende elle-même. Elle n'a guère le choix. Seletus est un bon client et il paie rubis sur l'ongle. Comme l'a fait remarqué Jacquot, les temps sont durs...
En soupirant, elle saisit la panière à pleines mains, la cale sur sa hanche et prend la route de la taverne.

Là-bas, la salle est pleine et elle doit se faufiler entre les clients pour gagner la cuisine. La nouvelle cuisinière l'accueille avec un chaud sourire et Paquita sent fondre la gangue de glace qui depuis plusieurs jours serre son coeur.
Elle empoche les écus que Seletus a préparés à son intention. Avant de partir, elle va faire un tour dans la salle. Dans un coin, des joueurs de dés lancent des exclamations, réjouies pour certains, dépitées pour d'autres.
Près de la cheminée, un ivrogne s'est endormi, la tempe sur son coude, un filet de salive coule du coin de sa lèvre et mouille sa manche.
Paquita éprouve un pincement au coeur. La compassion la submerge et elle va rajuster sur le dos de l'homme la chape qui a glissé. Celui-ci s'en aperçoit à peine et grogne en claquant du bec.
Elle regarde pensivement les flammes où rôtissent oies et canards, rôts et gigots sous le regard attentif de la rôtisseuse. La pauvre fait peine à voir, le visage ruisselant de sueur qu'elle essuie parfois d'un revers de manche, la peau rougie, tannée par la chaleur, elle arrose consciencieusement les mets. Ceux-ci luisent dans la lueur dansante.
Leur fumet chatouille les narines de Paquita et elle s'aperçoit alors qu'elle n'a rien avalé depuis le départ de l'homme. Son estomac se tord douloureusement.
Elle sort rapidement et marche d'un bon pas vers son logis.
En arrivant à proximité du lavoir, elle aperçoit un groupe de garnements. Ralentissant le pas, elle les observe en silence. Ceux-ci marchent le long du mur, sans bruit, dissimulant quelque chose sous leur bliaut. Intriguée, Paquita les observe mieux. La petite troupe avance rapidement et débouche sur le lavoir où les jeunes filles frottent, frappent et tordent le linge en devisant gaiement. L'attaque est foudroyante. Avec des cris sauvages, les garçons sortent de gros galets de sous leur vêtement et les projettent dans l'eau de toutes leurs forces.

Les filles éclaboussées poussent des cris surpris. Elles réalisent vite ce qui s'est passées et se dressent, menaçant du poing les garnements qui partent en courant, riant à gorge déployée.
Godelureaux ! Bons à rien ! Galapiats ! Marauds ! Méchants drôles ! Vermine ! hurlent les donzelles.
L'un des chenapans se retourne alors, hilare, goguenard, il les nargue de grimaces bien senties. Paquita reconnait alors avec stupéfaction Pascarel. Celui-ci n'a pas le temps de la voir. Déjà son ami Alexandre l'a saisi par la manche et l'entraine au loin. Les rires s'estompent.
Paquita fait un détour, elle n'a pas très envie d'affronter les lavandières encolérées. Elle rentre rapidement chez elle, pose la panière dans le fournil, se rend dans la pièce commune où la sage Tanita travaille à sa viole de gambe.
Paquita l'écoute et admire la dextérité de sa fille.
Toute nostalgie évaporée, elle prend la direction de la cuisine pour préparer un repas digne de ce nom tout en se promettant d'alerter son amie Farwen des facéties de leurs deux fils.
Elle revoit la tête furibonde des femmes trempées et part soudain d'un formidable éclat de rire....
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MessageSujet: Re: A n'ouvrir qu'en 1468 !   A n'ouvrir qu'en 1468 ! Icon_minitime

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